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connaître. Bien plus, Hume trouve la relation d’association non seulement incompréhensible, mais contradictoire (dans l’appendice du livre Ier du Treatise) ; comment peut-il y avoir un principe de connexion (uniting principle, Tr., I, 3, 4, principle of connection, Tr., I, App), si toutes nos sensations et toutes nos idées sont des existences séparées, indépendantes ? Hume déclare cette difficulté trop ardue pour son intelligence. — Toutefois les deux faits (que nous pouvons appeler l’expansion et l’association) sont avérés. Et grâce à eux on s’explique qu’une sensation vive, qui — par sa vivacité même — nous apparaît comme l’expression d’une réalité, puisse communiquer aux idées qu’elle provoque au moyen de l’association sa vivacité et par suite son cachet de réalité. Ce que nous appelons croyance (belief), n’est autre chose que le vif cachet que peuvent recevoir de cette façon les idées. La croyance n’est pas due à une impression nouvelle, particulière ; elle ne fait que désigner la façon spéciale dont une idée apparaît au sentiment (feeling or sentiment). Nous ne pouvons nous empêcher de passer à l’idée associée avec la vive sensation, et nous ne pouvons nous empêcher de nous attacher à cette idée et de la voir sous un jour plus vigoureux que d’ordinaire. — Et, troisièmement, la conscience (telle que la révèlent les idées des qualités sensibles, de l’espace et du temps, de substance) ayant un penchant à considérer ses propres états internes comme des phénomènes extérieurs, objectifs, nous comprenons comment il se fait que nous croyions à l’existence d’un rapport de causalité entre les choses du monde, bien que la nécessité, dont il est question ici, ne se trouve qu’en nous-mêmes, qu’elle soit une contrainte qui se manifeste par ce fait, que, pour des raisons psychologiques, nous sommes portés à passer d’une sensation ou d’une idée à une autre. La nécessité est subjective tout comme les qualités sensibles, comme l’espace et le temps, Ce que nous appelons raison (reason, Treatise, I, 3,16 in fine, cf. Inquiry IX, experimental reasoning), n’est qu’un obscur instinct en nous, qui tient à ce que des expériences sont répétées dans un certain ordre de succession. La formation de cet instinct, ou l’influence de l’habitude, nous est aussi incompréhensible que d’une façon générale tout enchaînement entre