Page:Höffding - Histoire de la philosophie moderne.djvu/449

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En ce qui concerne spécialement le problème de la connaissance, la philosophie de Hume influa sur le développement ultérieur de la pensée, notamment par l’exposé abrégé et atténué qu’il en fit dans son ouvrage Inquiry concerning human understanding (1749). L’exposé radical du Treatise qui tranche le lien qui unit proprement nos pensées et d’une façon générale les éléments de notre être, fut au contraire longtemps oublié. — On peut voir par les Letters of David Hume to William Strahan (Oxford 1888, p. 289 et suiv.), parues récemment, que le motif qui poussa Hume à désavouer son ouvrage de jeunesse est bien celui que nous indiquons ici. Il ne saurait être question, ainsi qu’on l’a cru parfois, que Hume ait modifié réellement ses idées dans les points principaux. Psychologiquement, on s’explique cependant que l’état de tension intellectuelle dans lequel Hume a écrit son ouvrage de jeunesse n’ait pu durer. Après avoir pensé avec les savants, et mieux qu’eux, il éprouva le besoin de converser avec les illettrés. Lorsqu’il eut donné dans ses Essays un exposé populaire de ses idées philosophiques et économiques, il se jeta sur l’histoire. « Vous le savez, écrit-il à un ami, il n’y a pas de place d’honneur sur le Parnasse anglais qui puisse être regardée avec plus de raison comme vacante que celle de l’histoire. » La situation de conservateur à la bibliothèque des avocats d’Édimbourg qu’il avait acquise — après une violente résistance des orthodoxes, — lui fournit une bonne occasion de faire des études savantes. Son histoire d’Angleterre le rendit encore plus populaire que ses Essays. Comme historien, il a le mérite d’avoir été le premier qui ait cherché à faire de l’histoire autre chose et plus qu’un récit de guerres, et à tenir compte de l’état social, des mœurs, de la littérature et des arts. La publication de son ouvrage commença deux ans avant l’apparition du célèbre Essai sur les mœurs de Voltaire. Alors qu’il était libéral dans ses vues philosophiques, il partait pour juger les personnages de l’histoire, d’idées royalistes et tories. — Cependant il ne négligeait pas entièrement la philosophie. Pendant ses dernières années il s’occupa notamment de la philosophie de la religion. C’est ce qu’attestent sa Natural History of religion (1757) et ses Dialogues on Natural Religion, ouvrage qu’il garda par devers lui