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comme une doctrine ésotérique, accessible aux initiés seuls ; car il est des hommes égarés et opiniâtres, qu’il faut traiter comme la nourrice fait de l’enfant à la mamelle. — Toland écrivit cet ouvrage dans l’esprit d’où est sorti, presque à la même époque, le mouvement de la franc-maçonnerie. Les idées nouvelles ont besoin d’être cultivées dans l’intimité et elles ont aussi besoin en partie de nouveaux symboles. Mais le siècle de la critique et des lumières ne se prêtait guère à la fondation de sociétés de ce genre ou à la création de vivants symboles. Le libre individualisme et l’examen critique avaient (et ont encore) beaucoup à faire, et la volonté consciente ne crée ni sociétés ni symboles.

3. — Newton et son importance en philosophie

En passant de la Renaissance au xviie siècle, il a fallu intercaler un examen du fondement donné à la science moderne de la nature, sans lequel il eût été impossible de comprendre le développement philosophique consécutif. De même, au seuil du XVIIIe siècle, il nous faut dégager de l’histoire de la science de la nature une grande figure, la plus grande peut-être qu’elle offre. Newton ne parfait pas seulement l’idéal d’investigation posé par la science nouvelle, ce qui fait de son œuvre le modèle de la méthode scientifique en général ; ses découvertes et ses résultats dans la science de la nature ont encore une grande influence sur le développement philosophique ultérieur, tant dans sa patrie, qu’en France et en Allemagne. Enfin Newton a lui-même sa philosophie propre, intéressante pour l’histoire de la philosophie comme expression de la conception du monde d’un grand savant, ainsi que pour l’influence qu’elle a exercée.

Isaac Newton naquit le 25 décembre 1642 à Woolsthorpe, près de Nottingham. Tout enfant, il montrait déjà du goût pour la mécanique et construisait des machines, des moulins et des pendules. Il fut d’abord destiné à l’agriculture, mais quand on vit qu’il abandonnait comme berger les vaches et les brebis à elles-mêmes pour se livrer à ses réflexions, on fit droit à son désir de se consacrer aux études. À l’Université de Cambridge