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Sa situation empira par la suite et ses dernières années furent abrégées par la pauvreté et la maladie. Il mourut (en 1722) dans un village près de Londres.

Nous voyons la position prise par Toland vis-à-vis du christianisme dans l’ouvrage cité plus haut, où il cherche à prouver « que dans l’Évangile il n’y a rien qui soit contre la raison ni au-dessus de la raison, et que la doctrine chétienne ne peut pas être nommée avec raison un mystère ». Par raison, il entend le pouvoir de l’âme qui, par la comparaison de ce qui est douteux et obscur avec ce qui est clairement connu, nous mène à la certitude. Nous devons nous servir de cette faculté également dans la religion ; car elle seule, et non l’autorité de l’Église, peut nous convaincre de la divinité de l’Écriture. Le dogme de la création ou les récits de miracles ne sont point en contradiction avec la raison. Ce que nous ne pénétrons pas complètement n’est pas pour cela par le fait même un miracle. Dans le Nouveau Testament, le mot mystère n’est jamais pris pour désigner ce qui est en soi incompréhensible à notre esprit, il désigne toujours ce qui a jusqu’ici été caché, mais a été ensuite révélé et peut maintenant se comprendre. Pourquoi Dieu exigerait-il que nous croyions ce que nous ne pouvons comprendre ? Notre zèle n’en est pas accru et du reste nous avons assez de raisons pour nous appliquer à l’humilité ! Ce sont les prêtres et les philosophes qui ont les premiers fait du christianisme un mystère. —

Les déistes suivants, CoIIins, Tindal, Morgan, etc., allèrent plus loin que Toland, ils cherchèrent à expliquer les miracles d’une façon naturelle, ou ils les nièrent. La lutte fut menée de leur côté, comme du côté de leurs adversaires, avec une grande violence, mais aussi d’une façon peu scientifique. Les deux partis manquaient de sens historique. Ce que les orthodoxes déclaraient miracles volontaires, les déistes le déclaraient des inventions tout aussi arbitraires de prêtres rusés.

L’ouvrage le plus considérable de Toland est les Letters to Serena. Il est dirigé contre le concept cartésien de matière, auquel se tenait encore Spinoza — bien que ce ne fût pas sans scrupule. — Toland prétend que le mouvement doit être considéré comme une propriété tout aussi essentielle et originale de