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d’âme et de vie en rapports étroits entre elles. Il conçoit l’âme comme le principe de la vie, et même de toute vie organique, et non pas seulement comme le principe de la vie de conscience. Il tend à concevoir les formes inférieures de la vie comme base des formes supérieures. Sa psychologie est une psychologie physiologique, qui s’attache à décrire, autant que possible, les phénomènes sous leur côté physiologique. Il emploie naturellement la physiologie d’alors. Il se révèle comme un penseur émancipé de l’École péripatéticienne en transportant la connaissance dans le cerveau. Il y avait encore des Aristotéliciens pour prétendre que les nerfs ne partaient pas du cerveau (ce que les anatomistes grecs postérieurs avaient pourtant prouvé), mais du cœur. Par contre, la force vitale a d’après Vives son siège dans le cœur. C’est dans cet organe que se manifestent le premier et le dernier signe de vie, et sa fonction, entravée ou libre, s’exprime par les émotions. S’associant à une théorie transmise par les Stoïciens et par Galien, il admet que le cerveau est rempli d’air ou de souffle ténu (spiritus tenuissimi ac pellucidi). On admettait que ses vibrations étaient en relation avec les faits de conscience ; mais Vives n’en dit pas davantage à ce sujet. Il laisse également indécis les rapports entre le cerveau et l’âme, active dans le cœur. D’après sa conception, l’âme humaine seule est à vrai dire créée immédiatement par Dieu ; l’âme de la plante et de l’animal (c’est-à-dire le principe de la vie organique et de la perception des sens) est engendrée par la force de la matière. L’âme humaine ne se contente pas, dans sa pensée et dans ses aspirations, du fini et du sensible ; elle cherche un objet infini. De là découle son origine divine, car la cause doit nécessairement être conforme à l’effet. Vives se montre ici nettement spiritualiste ; on pouvait du reste s’y attendre après ses hypothèses religieuses. En ce point également il laisse de grands problèmes à la pensée de l’avenir.

Sa psychologie se borne à poser les divers phénomènes psychiques. Ce n’est que plus tard que l’investigation trouva les principes de la mécanique qui pouvait mener d’un phénomène à l’autre.