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l’idée de cause et d’effet. Nous formons cette idée en nous fondant sur cette perception, que des propriétés et des choses naissent et que leur naissance est due à l’influence d’autres propriétés et d’autres choses. D’autres exemples, ce sont les idées des relations de temps et d’espace, d’identité et de diversité. Les idées morales appartiennent elles aussi aux idées de relations, puisqu’elles sont formées des idées simples de nos actions rapprochées de l’idée d’une loi.

c) Légitimité de la connaissance.

La formation des idées une fois expliquée, se pose la question de leur légitimité. Locke ne doute pas du tout que les idées simples aient une valeur positive. Elles proviennent de la réalité et pour cette raison doivent concorder avec la réalité. Les qualités secondes, il est vrai, ne ressemblent pas aux choses qui produisent les idées que nous en avons, mais elles correspondent aux choses parce qu’elles en sont les effets constants. — Pour ce qui est des idées dérivées, leur valeur ne peut se démontrer de cette façon, puisqu’elles ont été formées par composition et comparaison, c’est-à-dire par notre activité. Dire qu’elles ne renferment pas de contradiction intérieure ne suffit pas pour démontrer leur valeur positive. Elles ne sont pas des copies des choses, mais leur importance tient à ce qu’elles sont des archétypes ou patrons (archetypes, patterns) dont la conscience se sert pour ordonner et dénommer les choses (par exemple en mathématiques et en philosophie morale). Toutefois cela n’est vrai que pour les idées de propriétés et de relations (modes and relations). La notion de substance, l’idée d’un support inconnu des qualités ne peut avoir de valeur que si l’on peut trouver dans la réalité une combinaison de qualités semblable à la combinaison indiquée par la notion. L’idée de centaure est un concept faux de substance, l’idée de Dieu est un concept vrai de substance. La notion de substance elle-même n’est pas l’archétype, mais son archétype doit en être hors de nous, s’il est légitime. Or nous ne savons pas ce qui est au fond des propriétés des choses. Nous ne connaissons pas plus la substance matérielle que la substance spiri-