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réciproque, soit dans la formation d’idées abstraites, en séparant des idées simples d’autres idées simples avec lesquelles en réalité elles se présentent liées. Toutes les idées qui n’émanent pas d’impressions directes, sont formées, quelque sublimes et considérables qu’elles soient, par la faculté de composition, de combinaison et d’abstraction de la conscience et ont pour fondement des perceptions directes. — De ces trois espèces d’idées dérivées, ce sont les deux premières qui présentent le plus d’intérêt. Du reste elles sont formées grâce au concours de l’abstraction.

Aux idées composées appartiennent des propriétés telles que l’espace et le temps. Pour former l’idée d’espace, nous nous appuyons sur les sens de la vue et du toucher. En même temps nous nous servons ici de l’abstraction, en distinguant l’espace et la solidité, distinction qui est aussi nette que la distinction entre le boisseau et le grain. Nous formons l’idée de temps à l’aide du sens interne, qui nous montre une succession d’idées. Puis, comme la faculté que nous avons, de nous représenter l’agrandissement de l’espace et du temps, reste toujours la même, quel que soit le nombre d’additions que nous puissions faire, l’idée de l’infini se forme. — Aux notions de propriétés appartiennent aussi les idées de force et de mouvement, de même que toutes les idées de couleurs, de formes composées, etc., et, dans le domaine du sens intérieur, les idées de perception, de souvenir, de pensée, d’attention, etc.

Les notions de propriété n’offrent pas de difficulté, mais il en est autrement de l’idée de choses, d’être ou de substance Cette idée est elle aussi formée par combinaison. L’idée que nous avons d’une chose ou d’une substance, c’est l’idée des propriétés ou des forces que nous lui attribuons. Mais, chose étrange, nous nous représentons néanmoins la chose ou la substance elle-même comme différente des propriétés et des forces, à savoir comme leur fondement ou support. De l’expérience vient tout ce que nous attribuons à la substance. Cela est vrai même de l’idée de Dieu ; c’est une idée de substance que nous formons en élargissant et en élevant nos idées des propriétés de l’esprit empruntées au sens interne.

Comme exemple d’idées de relation (ideas of relation) citons