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La solution que Locke donne au problème tend à montrer que toutes les idées, terme par lequel il entend le contenu de la conscience tout entière, proviennent de l’expérience, soit de l’expérience externe (sensation), soit de l’expérience interne (réflexion). L’expérience externe tient à ce que l’excitation ou le mouvement produit dans une partie quelconque du corps suscite une perception (perception) dans l’âme. L’expérience interne tient à ce que l’âme reçoit aussi l’impression de l’activité, qui est déployée (par exemple dans le souvenir et dans la comparaison) pendant l’élaboration des idées provenant de l’expérience externe. Ainsi nous percevons au moyen de la « réflexion » nos propres états et notre propre activité, et au moyen de la « sensation » les impressions des autres choses. Dans toutes ces perceptions directes ou réceptions d’idées la conscience reste presque (for the most part) absolument passive. Mais il n’y a que les idées les plus simples qui se forment ainsi par reception directe et passive.

Les idées simples qui se forment de l’expérience externe n’ont pas plus besoin de ressembler aux qualités des choses qui les ont produites que le mot ne ressemble à l’idée. Les qualités dites primaires, la solidité, l’étendue, la forme, la mobilité seules ne peuvent être séparées des choses extérieures ; les qualités secondes, telles que la couleur, le goût l’odeur, etc., ne correspondent qu’à la faculté que possèdent les choses en raison de leurs qualités primaires, de susciter en nous certaines idées. — Les termes : qualités « premières » et « secondes » semblent avoir été empruntés par Locke à Robert Boyle ; la théorie elle-même que l’on attribue si souvent à Locke qui en serait le créateur, provient, ainsi que nous l’avons vu, de Galilée, de Hobbes et de Descartes. Locke ne s’arrête pas davantage au problème suscité par ce fait qu’il y a ici une différence aussi grande entre la cause extérieure et l’effet interne. —

Les idées simples sont le matériel de la conscience, qui est élaboré par elle de diverses façons. L’activité de la conscience se révèle soit dans la formation d’idées complexes, en combinant des idées simples, soit dans la formation d’idées de rapports, en mettant des idées simples dans une certaine union