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semblent venir de Vives, qui aurait connu personnellement Loyola. En s’occupant de critique philologique et de problèmes pédagogiques, il fut amené à examiner la méthode scientifique en général, et il demande que l’expérience soit la base de toute connaissance. En matière de psychologie, il a essayé de réaliser lui-même ce vœu en créant la psychologie empirique moderne. Comme tous ses contemporains, il s’appuie sur une quantité de matériaux empruntés à l’antiquité ; mais il cherche à les confirmer par son expérience personnelle, et son ouvrage De anima et vita (Bruges 1838) contient une foule d’observations originales. Sa description des divers faits de conscience, surtout des émotions, est instructive même de nos jours. Son livre eut une influence extraordinaire sur les théories psychologiques des xvie et xviie siècles4.

Le point de vue clair et empirique de Vives se manifeste notamment dans le chapitre du premier Livre du De anima intitulé : « ce qu’est l’âme ». Après avoir attiré l’attention sur les difficultés inhérentes à la solution de cette question, étant donné qu’il nous est plus facile de dire ce que l’âme n’est pas que de dire ce qu’elle est, il fait remarquer que nous n’avons proprement aucun intérêt à savoir ce qu’est l’âme, mais bien comment elle est active, et que le précepte qui ordonne de se connaître soi-même ne concerne pas l’essence de l’âme, mais ses fonctions. Il établit ici avec une grande sûreté que nous avons directement affaire aux faits de conscience, et que la psychologie expérimentale peut faire abstraction complète de toute théorie purement spéculative sur l’essence de l’âme.

Vives reste toujours et partout fidèle à ce point de vue dans son procédé purement descriptif. Sans doute, il ne pouvait manquer de considérer beaucoup d’expériences comme sûres, qui ne purent par la suite résister à la critique ; cependant Vives a contribué pour sa large part à dégager le point de vue psychologique du point de vue spéculatif et théologique, ainsi que du point de vue physique, ce que Descartes effectua d’une façon définitive. Descartes doit plus à Vives qu’on ne pourrait le croire par le petit nombre de passages où il le nomme.

Comme il ressort du titre de son livre, Vives met les notions