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a écrit : « Je me rappelle que j’étais moi-même présent lorsque les principes de la morale et de la religion révélée furent discutés. » Ce fut donc une discussion roulant sur des sujets éthiques et moraux qui porta à examiner de plus près la connaissance. Ce commencement se place dans l’hiver de 1670 à 1671. Ensuite, pendant son séjour en France et pendant son exil en Hollande, Locke travailla à son ouvrage, qu’il acheva en 1687. L’année suivante, un extrait en fut imprimé dans le périodique hollandais Bibliothèque universelle, et en 1690 parut l’ouvrage complet en anglais. Il comprend quatre livres : le premier critique la doctrine des idées et des principes innés ; le second montre que toutes les idées proviennent de l’expérience et décompose les idées complexes en leurs éléments simples, afin que l’union se fasse avec d’autant plus de facilité ; le troisième examine l’influence de la langue sur la pensée, combat la philosophie scolastique, philosophie toute de mots, et montre que nos idées d’espèces et de genres ne peuvent pas purement et simplement être regardées comme valables même pour la nature ; le quatrième distingue les différentes espèces de connaissances et fixe les limites de la connaissance. La théorie de la connaissance proprement dite est donc contenue dans le livre quatrième. Ce livre et le second livre (sur l’origine des idées dans l’expérience) semblent avoir été écrits les premiers ; le premier (critique des idées innées), et le troisième (sur le langage), furent ajoutés par la suite.

Sous le roi Guillaume d’Orange, Locke eut une influence considérable. Il tenait de près au roi et à plusieurs des dirigeants. Il intervint en faveur de la liberté de la presse, de tolérance, de lois monétaires et commerciales sensées et en faveur d’une réforme de l’assistance publique ; il occupa différents emplois. Les Two Treatises on Government, qui parurent en 1690 attestent que, outre leur but théorique, ils visaient aussi à défendre la Révolution qui avait amené le nouvel état de choses. Parmi ses autres écrits il faut citer (outre les Thoughts on Education, 1692) le livre sur la rationalité du christianisme exposé d’après l’Écriture (The Reasonableness of Christianity as delivered in Scripture). Dans sa conception du christianisme