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bury, le célèbre homme politique du règne de Charles II, et bientôt il fut attaché à sa famille en qualité d’ami, de secrétaire, de médecin et d’éducateur de deux générations. Comme on peut le voir aux petits traités de ses premières années, les idées politiques de Locke étaient libérales comme ses opinions religieuses. Il appartenait avec ardeur et conviction au parti des Whigs et il fut impliqué dans leur destinée. La chute de Shaftesbury en 1672 amena aussi celle de Locke. Il dut renoncer aux situations que la confiance de Shaftesbury lui avait values. Il passa alors quelques années à voyager en France. Ses notes de voyage ont un intérêt historique et témoignent de sa grande faculté d’observation et de l’attention qu’il accordait à tous les aspects de la vie. Son ami ayant pris part dans la suite à une conjuration et ayant dû fuir en Hollande, Locke ne se crut pas en sûreté en Angleterre et passa également en Hollande (1683) où se réunirent peu à peu un nombre considérable de whighs réfugiés. Un moment il dut se cacher, le gouvernement anglais demandant son extradition. Pendant ces années-là, il travailla à ses écrits, surtout à l’Epistola de tolerantia (1685) qui parut quelques années après en anglais, et à son chef-d’œuvre De l’entendement humain. En même temps il s’occupait probablement des préparatifs en vue de la révolution. Il entretenait des relations d’amitié suivies avec le prince d’Orange et son épouse, et au commencement de 1689 il revint en Angleterre avec la princesse.

La politique ne fit pas oublier à Locke la philosophie, et inversement. Au commencement de 1690 parut son chef-d’œuvre, Essay on human understanding, un des ouvrages les plus remarquables et les plus couronnés de succès de l’histoire de la philosophie. Les premiers débuts en remontent loin dans le développement de Locke. Il rapporte dans la préface que ce fut une discussion avec quelques amis qui lui inspira l’idée de l’ouvrage. Comme ils n’avaient pas pu résoudre les problèmes qu’ils s’étaient posés, il pensa que peut-être il aurait fallu au préalable « examiner nos propres facultés et voir quels sujets notre intelligence peut traiter et quels sujets elle ne peut traiter. » Dans un exemplaire de l’Essay de Locke qui se trouve au Bristish Museum, James Tyrrell, ami de Locke,