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projet impraticable. Dans un traité de 1667 (qui fut plus tard agrandi sous la forme de la célèbre Letter on toleration 1685), il conteste à tout le monde et à chacun en particulier le droit d’imposer à d’autres des opinions spéculatives et des formes de culte arrêtées. Et dans un traité intitulé Error (qui se trouve imprimé ainsi que le premier traité dans l’excellente Life of Locke, Londres 1876, de Fox Bourne) il dit : « Quiconque examine et adopte après un examen loyal une erreur au lieu d’une vérité, a mieux accompli son devoir que celui qui admet la confession de la vérité (car il n’embrasse pas la vérité elle-même) sans avoir examiné si elle est exacte ou non. » Il attache la plus grande importance au côté moral de la religion et demande le moins possible de dogmes et de cérémonies. L’Église épiscopale avec ses trente-neuf articles de foi et ses nombreuses cérémonies lui était par conséquent fermée.

Il résolut alors de se faire médecin et étudia la chimie et la médecine. Ce fut là l’origine de son amitié avec Robert Boyle, le célèbre chimiste, et avec Sydenham, le non moins célèbre médecin. Les aspirations de Locke comme philosophe sont parentes de celles de ses deux amis. — Boyle (l’aîné de Locke de six ans) soutenait la méthode expérimentale en chimie contre les alchimistes et les chimistes médecins qui se proposaient d’autres buts que la science pure. Il est le premier qui ait montré avec clarté le but de l’analyse chimique : à savoir la découverte des éléments des matières composées, c’est-à-dire des matières constituantes, qu’on peut démontrer comme telles et qu’on ne peut plus diviser. Il prédit qu’on trouverait beaucoup plus d’éléments qu’on ne se l’imaginait alors et contesta le caractère incomplexe de beaucoup de matières que l’on avait jusqu’alors regardées comme des éléments. — Sydenham soutenait la méthode empirique en médecine et professait les mêmes principes que ceux émis par Locke dans un petit traité intitulé De l’art de guérir, où il insiste sur la nécessité de s’appuyer sur des observations, et non sur des axiomes. Locke accompagnait souvent Sydenham dans les visites qu’il faisait à ses malades.

Cependant l’art médical ne fut pas non plus la tâche de toute la vie de Locke. Il fit la connaissance du comte de Shaftes-