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Christian Wolff, né en 1679 à Breslau, étudia, outre la théologie, les mathématiques et la philosophie, et fut nommé en 1706 professeur de mathématiques à Halle ; mais il exposa surtout la philosophie. Il était influencé principalement par les écrits de Descartes et de Leibniz, mais, par l’intermédiaire de Tschirnhausen, par ceux aussi de Spinoza, dont Tschirnhausen avait (sans citer le nom de Spinoza) développé amplement la théorie de la connaissance dans sa Medicina mentis. Wolff ne tenait pas personnellement à être considéré comme disciple de Leibniz ; il a d’ailleurs modifié de diverses façons les pensées de Leibniz ; cependant la philosophie qu’il introduisit dans les universités allemandes et qui régna jusqu’à l’époque de Kant, fut nommée à bon droit la philosophie de Leibniz et de Wolff. Il est vrai que l’essence de la pensée de Leibniz, son idéalisme métaphysique, la théorie des monades ne se prêtaient pas aussi facilement à une vulgarisation systématique telle que celle de Wolff. Mais chez Wolff76 comme chez Leibniz se fait sentir partout et toujours l’inclination à unir la science de la nature avec la théologie, en concevant le monde comme un grand mécanisme destiné à servir les fins divines et mis en accord avec la vie psychique par l’harmonie « préétablie ». Il conçoit le monde comme un ensemble d’êtres individuels déterminé par des lois, avec Dieu pour raison dernière. Et le support logique de tout le système, c’est le principe de la raison suffisante.

Il est intéressant de voir que Wolff non seulement popularise la philosophie dogmatique, mais qu’il l’achève. C’était un progrès considérable de Leibniz d’avoir posé le principe d’identité et le principe de raison suffisante comme deux principes différents, valables, le premier pour toutes les vérités de raison, le second pour toutes les vérités de fait. Wolff cherche maintenant à dériver le second du premier. Il veut rendre évident par lui-même que tout ce qui arrive a une raison ou une cause et il regarde comme une faute de la part de Leibniz de n’avoir pas donné de preuve du « principe de raison suffisante » qui avait dans son système ainsi que dans les autres grands systèmes une importance si considérable. La preuve de Wolff (voy. Pensées rationnelles sur Dieu, le monde et l’âme de l’homme, et sur toutes choses en général, communiqué aux