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Prince Électeur. Des projets d’amélioration de la science juridique et des codes, outre des études sur la philosophie et la science de la nature, captivèrent pendant quelques années son attention. Il voulait supprimer la barbarie scolastique dans le droit, en même temps il était de plus en plus convaincu de la victoire définitive de la science moderne de la nature sur la théorie scolastique de la nature. Pendant un certain temps il éprouva, d’après une déclaration qu’il fit lui-même plus tard (dans les Nouveaux Essais) une forte inclination pour la Secte des Spinozistes. Mais la pensée prédominante en lui, c’était de soutenir l’opinion que la nature est déterminée par des fins, sans pour cela renoncer à la science mécanique de la nature. Il défend avec chaleur la nouvelle conception scientifique de la nature contre les représentants de l’ancienne époque, contre son professeur Jacob Thomasius et contre Hermann Conring, le célèbre juriste et médecin. Mais son ambition, c’était de démontrer que l’enchaînement mécanique de la nature, bien loin d’exclure la pensée d’une divine providence, la suppose absolument. Cette double tendance ressort clairement dans un petit traité (Confessio naturæ contra atheistas) et dans les lettres à Jacob Thomasius qui datent des années 1668-1669. Ici Leibniz est encore dualiste ; il y a encore pour lui un abîme entre les deux principes qu’il veut fondre. D’après ses propres dires, en étudiant Kepler, Galilée et Descartes, il se sent comme « transporté dans un autre monde » ; mais le monde ancien doit être relié au monde nouveau. Outre ses occupations pratiques et son singulier projet de la conquête de l’Égypte par les Français, qu’il présenta à Louis XIV (pour détourner sa soif de conquêtes de l’Allemagne), il s’abîma à Paris, sous la direction de Huyghens, dans l’étude des mathématiques, études qui amenèrent la découverte du calcul différentiel ; en même temps il cultivait avec ardeur la philosophie cartésienne. Ses idées vers l’année 1670 trahissent l’influence des ouvrages de Hobbes. Dans un traité de philosophie de la nature (Hypothesis physica nova, 1671) il affirme, avec Hobbes et Gassendi, la continuité du mouvement par l’idée de tendances au mouvement (conatus) dans les plus petits moments et dans les plus petites parties. Cette idée est connexe de la décou-