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tives. Les mouvements dans le cerveau sont liés de telle sorte qu’après la répétition des premiers les autres suivent en vertu de leur cohésion ; de même sur une table polie l’eau suit le doigt qui en fait couler une partie dans une certaine direction. Ainsi l’idée de l’apôtre André peut nous faire penser à l’apôtre Pierre, et le nom de ce dernier à une pierre ; etc. C’est la loi que l’on nomme maintenant loi de contiguité. Mais Hobbes attache également une grande importance à la loi de l’intérêt. Le cours des idées est réglé non seulement par l’ordre des sensations primitives, mais encore par l’influence du sentiment et de la tendance. S’il se produit un certain ordre et une certaine cohésion dans nos idées, cela tient à ce que nous nous efforçons toujours d’atteindre un but et que, à cet effet, nous cherchons les moyens de l’atteindre. La considération continuelle de nos buts (frequens ad finem respectio) met un ordre systématique dans nos pensées. Dans le rêve nous manquons (outre les excitations extérieures) de cette conscience que nous avons d’une fin ; c’est ce qui permet de comprendre plus facilement la bizarrerie des représentations du rêve. — D’après Hobbes, l’origine du langage ne s’explique pas suffisamment par l’association involontaire qui existe entre un objet, qui excite le sentiment, et un éclat de voix ou une action par lesquels le sentiment se fait jour. Le langage, ainsi qu’il a été indiqué, a pour Hobbes son origine dans une dénomination arbitraire. L’homme fait un signe pour reconnaître une chose, de même que les navigateurs donnent un signe à un rocher près duquel ils ont passé afin de reconnaître l’endroit. Le langage est pour l’individu un signe distinctif (nota) avant d’être un signe de communication (signum) avec autrui. Et la société n’est possible que du jour où ces signes de transmission sont ainsi introduits. — La théorie de l’association de Hobbes contenait les germes d’une psychologie du langage plus naturelle et plus exacte que la théorie qui attache trop d’importance au raisonnement conscient et à l’arbitraire. — La dénomination arbitraire a, ainsi que nous l’avons vu, une grande importance dans sa théorie de la connaissance. Elle permet d’établir les principes premiers ou définitions. Cette construction faite, toute pensée procède d’après Hobbes par addition ou soustraction