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chaleur. Nous n’avons pas le droit d’appliquer nos qualités et nos états à Dieu, ni la douleur, ni le besoin, ni l’entendement, ni la volonté ; car pour avoir un sens ils supposent tous un être borné. Les expressions négatives, superlatives et indéterminées sont seules admissibles ; elles servent alors à marquer notre obéissance et notre admiration, mais non à désigner ce qu’est Dieu en soi. Le mot incorporel même est, appliqué à Dieu, un attribut simplement honorifique. Car, tout ce qui est étant corps, Dieu doit l’être également, ce qui s’accorde du reste avec les idées des anciens docteurs de l’Église. — La religion naturelle ne suffit pas, car la volonté est imparfaite et les passions fortes. De là la nécessité d’une révélation. Mais la discussion de cette question rentre dans la politique. Car, dépassant la portée de l’esprit de l’homme, elle peut seulement s’appuyer sur l’autorité et un homme privé ne peut acquérir de l’autorité que par les miracles ; mais comme les temps des miracles sont passés, l’État doit régler toutes les questions religieuses. La religion n’est pas la philosophie, mais la loi ; elle ne demande pas la discussion, mais l’obéissance.

e) Psychologie.

Hobbes ouvre la série des psychologues éminents qui sont l’orgueil de la philosophie anglaise. Grâce à sa main vigoureuse, comme toujours, et à son sens des grandes lignes élémentaires il a beaucoup contribué à faire comprendre la vie psychique. À vrai dire, ce fut l’effort qu’il fit pour trouver une base empirique de l’éthique et de la politique qui le fit aboutir à la psychologie ; mais au cours de son exposé elle prend de l’intérêt par elle-même. — Nous commencerons par dégager la théorie physiologique de Hobbes, en tant qu’elle concerne la conception de la vie de conscience. — Ce qui se produit dans le monde extérieur, n’est, comme nous l’avons vu, que mouvement. Quand ce mouvement se transmet à travers les organes des sens et les nerfs dans le cerveau et de là dans le cœur, il rencontre une certaine résistance et un contre-coup, car les organes internes eux-mêmes se trouvent constamment en un certain mouvement. Ce contre-coup, qui est comme une tendance vers le dehors, nous fait transporter l’objet