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science, les phénomènes psychiques ne peuvent se connaître que par voie inductive, par l’observation de soi, et l’interruption du processus déductif est ainsi plus grande que Hobbes ne la voit.

Ces deux points se relient du reste quand on y prend mieux garde. La raison en effet pour laquelle nous devons interrompre la déduction en passant de la mécanique à la physique, c’est à proprement parler que les phénomènes physiques se présentent à nous comme qualités, et comme qualités uniquement dues au sujet sentant. Les données des phénomènes physiques sont donc des phénomènes subjectifs dont il faut chercher la cause objective, cause qui — d’après les hypothèses de Hobbes — doit nécessairement être le mouvement (De corp.., cap. 25, 3). Ce sont par conséquent les phénomènes psychiques qui rompent en ces deux points l’unité de la méthode et du système.

c) Objet de la science.

Conformément à son premier principe, que tout changement est mouvement, Hobbes proclame que l’objet de la science, c’est le corporel. Par corps (corpus) il entend tout ce qui est indépendant de notre pensée et occupe une partie de l’espace. En tant qu’indépendant de nous cela s’appelle substance. Corps et substance sont une seule et même chose. Une substance incorporelle, c’est pour Hobbes une contradiction. Mais nous ne saisissons pas les substances et les corps immédiatement ; nous les saisissons seulement par raisonnement. Ce que nous percevons, ce ne sont que les propriétés (accidents) ; de la substance proprement dite nous n’avons à vrai dire aucune représentation, bien que nous concluions qu’il y a quelque chose sous ces propriétés. Les propriétés essentielles des corps sont l’étendue et le mouvement. Toutes les autres propriétés ne sont que des phénomènes subjectifs de la conscience sensible. L’espace et le temps sont d’après Hobbes également subjectifs ; il entend en effet par espace et par temps des représentations telles que celles que produisent en nous l’étendue et le mouvement des corps, et que nous pourrions conserver, alors même que tous les corps disparaîtraient.

On pourrait d’après cela prêter à Hobbes l’intention de renon-