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moyen du principe de causalité et du principe d’inertie, et de ces deux principes il établit aussi en passant des preuves qui ne laissent pas de montrer à l’analyse exacte qu’ils supposent justement ce qui était à démontrer52.

À l’aide du principe que tout changement est mouvement et des principes qui s’y rattachent plus ou moins, Hobbes veut édifier son système déductivement. La méthode une fois examinée par la logique et les idées fondamentales les plus importantes vérifiées par la philosophia prima, la géométrie traite des lois mathématiques du mouvement, la mécanique des effets du mouvement d’un corps sur un autre, la physique des effets des mouvements ayant lieu dans les molécules des corps, la science de l’homme et de la politique (que nous appellerions maintenant la science de l’esprit) des mouvements qui ont lieu dans les âmes des hommes et qui déterminent leur conduite réciproque. Si le système pouvait se développer par la déduction pure, nous n’aurions dans ces différentes branches que des applications spéciales et progressives des lois universelles du mouvement, à partir des hypothèses premières spontanément posées, en suivant la gradation Corpus-Homo-Civis. Et c’est évidemment là l’idéal que Hobbes avait sous les yeux. Nous avons vu que la théorie de l’activité autocréatrice subit selon son propre exposé d’importantes restrictions dans le rôle de l’établissement des hypothèses ; de même il accorde également qu’en deux points du système il y a une solution dans la rigoureuse continuité déductive ; il reconnaît en effet que les faits sont trop embrouillés pour pouvoir être éclairés par une seule méthode progressive.

Tout en faisant aller la science soit des effets aux causes, soit des causes aux effets, Hobbes voit clairement que la connaissance n’acquiert une rigoureuse nécessité que si l’on va de la cause à l’effet. Si nous commençons par un phénomène donné et si nous le considérons comme effet, la connaissance des causes ne pourra jamais être qu’hypothétique : on pourra seulement découvrir la façon dont le phénomène pourrait être produit, mais on ne peut par la déduction pure décider s’il est vraiment produit de cette façon. Quand nous partons du donné pour en chercher la cause réelle, nous ne créons pas