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phie scolastique ; le sévère décret de 1624 contre les doctrines nouvelles, puis la condamnation de Galilée eurent pour effet de lui faire cacher son sentiment. Il s’occupa d’études physiques et astronomiques, mais n’osa pas se prononcer pour la doctrine de Copernic. Dans les ouvrages qu’il fit paraître par la suite il développe la théorie atomique, en renouvelant en partie la théorie d’Epicure. Il défend la personnalité et la philosophie d’Epicure contre les attaques dont elles sont d’ordinaire l’objet. Ces œuvres eurent une grande importance, car la théorie atomique préparée par Bruno et Basso était bien faite pour être utilisée par la science moderne de la nature. Gassendi était un admirateur de Galilée et les principes de la connaissance de la nature établis par lui trahissent l’influence de ce dernier (Opera omnia, Lugd., 1658). Partant de ce fait que rien ne peut se transformer en rien ou se former de rien et que pour cette raison il faut que quelque chose subsiste sous tous les changements, il démontre que pour que le changement puisse s’expliquer, il faut que ce quelque chose, qui subsiste sous tous les changements, c’est-à-dire la matière, soit une multiplicité d’éléments solides et indivisibles, c’est-à-dire d’atomes. Mathématiquement, la division peut se continuer à l’infini, mais physiquement, la divisibilité a une limite bien arrêtée. Tous les changements de la nature doivent être expliqués par les mouvements des atomes : toutes les causes sont des causes mécaniques. Entre les atomes se trouve un espace vide, sans quoi leur mouvement ne serait pas possible. L’espace est comme le temps une chose d’espèce particulière, que l’on ne peut appeler ni être ni propriété. Le mouvement ne peut se former et ne peut cesser que par contact ; toutes les causes doivent pour cette raison être matérielles. L’âme ne meut le corps qu’en tant qu’elle est elle-même matérielle (en sa qualité d’âme végétative et percevant par les sens). Ce qui distingue Gassendi de Descartes, c’est qu’il prétend qu’il faut attribuer à la matière d’autres qualités que l’étendue et la mobilité et qu’il limite la divisibilité physique. En même temps il enseigne (sous l’influence évidente de Galilée) que ce n’est pas le mouvement, mais l’impulsion motrice (impetus) qui est constante ; l’impulsion motrice ne disparaît pas par le fait que le mouve-