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La distinction précise que Descartes établit entre l’âme et le corps fait sentir ses conséquences dans sa psychologie. Il recherche soigneusement les formes d’activité et les phénomènes spirituels qui proviennent de l’âme même, et ceux qui sont dus à l’influence du corps sur l’âme.

La perception sensible est due au corps ; elle vient de ce que les « esprits animaux » agissent sur l’âme au moyen de la glande pinéale. Toutefois Descartes souligne ce fait que dans la conception vulgaire, on se fie sur la perception beaucoup plus, qu’on ne devrait véritablement le faire. On doit en effet distinguer : 1o entre le mouvement produit dans le cerveau par l’ébranlement (mouvement qui existe aussi chez les animaux) — 2o l’action de ce mouvement dans le cerveau sur l’âme, qui donne naissance à la sensation (de couleurs par exemple) — et 3o les jugements que l’on porte involontairement sur les choses extérieures par suite des mouvements des organes du corps. C’est sur un de ces jugements involontaires que nous nous fondons pour supposer les choses extérieures et situées à des endroits déterminés de l’espace. Ce sont les mouvements de l’œil et de la tête qui, au moyen de mouvements correspondants des « esprits animaux », poussent l’âme à porter ce jugement. Le troisième moment de la perception est dû à l’âme même.

Il y a également deux sortes de souvenirs : le souvenir des choses matérielles, qui vient des effets ultérieurs ou traces des excitations du cerveau, et le souvenir des choses spirituelles, dû à des traces qui demeurent dans la conscience même. — La pensée proprement dite (intellectio) et l’imagination (imaginatio) se distinguent en ce que dans la pensée proprement dite l’âme est seule active, tandis que dans l’imagination elle se sert d’images corporelles. L’imagination comme la perception et le souvenir matériel, n’appartient à l’âme qu’en tant qu’elle est unie au corps ; l’âme dans sa pureté (anima pura) peut se penser sans imagination et sans perception. — La différence entre l’appétit et la volonté tient également à ce que l’appétit est produit par le corps, tandis que la volonté fait partie intégrante de l’âme. Descartes nous attribue la conscience immédiate de l’indépendance de la volonté à l’égard de la cau-