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cations n’aient pas toujours été heureuses dans le détail. Niels Steensen, un des plus grands anatomistes du siècle suivant, reconnut que la méthode inaugurée par Descartes servait à démontrer l’insuffisance de ce que l’on enseignait auparavant sur le rôle des différents organes et à poser avec plus de clarté les problèmes relatifs à cette question. Descartes étendit à la physiologie des nerfs la conception mécanique que Harvey avait fait triompher pour la circulation du sang. D’accord avec la physiologie d’alors, il croit qu’il y a dans les nerfs des courants d’« esprits animaux », courants qui tiennent à ce que, après avoir été échauffées dans le cœur, les parties ténues du sang affluent au cerveau dont elles remplissent les circonvolutions, tandis que le reste du sang continue son chemin à travers les veines. Du cerveau elles se dirigent par les nerfs dans les muscles. Ces courants peuvent être mis en mouvement par des impressions dont nous n’avons pas conscience ; c’est ce qui arrive dans les mouvements involontaires, par exemple, quand nous tendons les mains en avant en tombant, ou bien quand nous poursuivons notre marche sans y penser. Ces sortes de mouvements involontaires peuvent se faire absolument mécaniquement, et même malgré nous (mente invita e tanquam in machina). Descartes exprime ce qui précède en disant que les « esprits animaux » sont réfléchis (esprits réfléchis) et il donne une description et une explication claires de ce que l’on appelle maintenant mouvement réflexe. Quant aux animaux, nous sommes forcés d’admettre que toutes leurs fonctions et toutes leurs actions se font de cette façon involontaire et mécanique. Nous n’avons pas de raison pour leur attribuer une âme. Si l’agneau fuit à la vue du loup, c’est que les rayons lumineux qui du corps du loup frappent l’œil de l’agneau, mettent ses muscles en mouvement au moyen des courants « réfléchis » des « esprits animaux ». Et l’on peut expliquer le retour des hirondelles au printemps par analogie avec l’horloge qui fait retentir sa sonnerie à des intervalles réguliers. Du reste, on voit bien que les animaux, pas plus qu’une machine, ne peuvent s’accommoder à un nouvel état de choses plus complexe. Descartes soutient encore l’opinion quel les animaux sont de simples machines pour cette raison que