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se posait des problèmes qui, avant ou après, ne présentèrent pas la même nouveauté, ni la même acuité. On voulait fondre le nouveau système du monde et la science nouvelle avec le reste du contenu de l’esprit déjà établi pour la conscience. Voilà pourquoi le problème de l’existence devait figurer en première ligne. Bruno l’avait traité sur la base de la nouvelle conception du monde. Mais la nouvelle explication mécanique de la nature était venue s’y ajouter, et du même coup se posait à la pensée le grand problème des rapports de la matière et de l’esprit. Les hypothèses les plus importantes que l’on peut émettre sur ces rapports furent établies par les systèmes du XVIIe siècle avec une clarté et une force qui prêtent à ces tentatives intellectuelles une valeur durable. Toutefois d’autres problèmes furent combinés avec celui-ci. Le problème des rapports de Dieu avec le monde passe même pendant un certain temps au premier plan. À celui-ci se rattache encore le problème de l’unité ou de la multiplicité de l’existence. Et enfin la question de savoir dans quelle mesure l’explication mécanique de la nature permet d’attribuer à la notion de fin une signification positive devient un problème important.

Le problème de la connaissance et le problème de l’estimation des valeurs s’effacent devant le problème de l’existence, tout en exerçant une influence de tous les instants ; ils jouent le rôle de ressorts plus ou moins conscients et de forces d’impulsion. Chez Descartes, le premier dans la série des grands systématiques, se montre encore, même dans le style, la tendance évidente à trouver par analyse la voie pour la pensée constructive. Chez Hobbes et chez Spinoza, l’analyse est obscurcie par la construction. Avec Leibniz, la tendance analytique recommence à prendre le dessus — transition à l’importance prépondérante que le problème de la connaissance et le problème de l’estimation des valeurs devaient avoir au xviiie siècle.

L’histoire de la civilisation offre au xviie siècle une certaine analogie avec la tendance à conclure systématiquement qui fut pendant cette période la direction principale de la philosophie. Une même disposition dominante pénètre les différents domaines de la politique, de l’Église et de la pensée. C’est le