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avançant péniblement d’une conclusion à une autre, la divinité le connaît par une simple intuition (di un simplice intuito, par opposition à : con discorsi). En cela l’opposition entre simplicité et diversité subsiste même ici. Ce n’est qu’en intensité, en rigueur et en nécessité que la connaissance humaine coïncide de cette façon à son sommet avec la connaissance divine. En ampleur elle est infiniment inférieure ; et l’investigation la plus profonde ne saurait pénétrer le fait même le plus insignifiant qui se passe dans la nature. Socrate a bien vu cette imperfection de notre savoir, et pourtant on l’a célébré comme le sage des sages. — L’existence, tant par sa simplicité que par son infini, contraste avec notre connaissance. Galilée professe la docta ignorantia tout comme Nicolas de Cusa et Bruno.

L’opposition de la connaissance et de l’existence ne ressort pas moins de la différence nettement accusée que Galilée établit, comme tous les sectateurs de Copernic, entre le mouvement absolu et le mouvement relatif. Nous ne concevons le mouvement que par rapport à un point immobile. Le mouvement commun à plusieurs objets se comporte — en ce qui concerne leurs relations mutuelles — comme s’il n’était pas. Alors que l’antique conception du monde supposait tranquillement que l’espace visible et l’espace absolu sont une seule et même chose, la pensée allait maintenant se faire jour que l’espace absolu, conçu comme le réceptacle immobile de toutes les choses matérielles, n’est nullement objet de perception sensible, vu que le cadre en apparence au repos peut être lui-même en mouvement par rapport à un point situé en dehors, et ainsi de suite. D’une manière générale, le système de Copernic, notamment dans la sagace élaboration qu’en fit Galilée, exerça à appliquer la loi de relativité dans la théorie de la connaissance. La philosophie péripatéticienne, tout en ne voulant pas entendre parler de modification au ciel, voyait cependant des modifications réelles dans le lever et le coucher du soleil et des étoiles, et dans la succession du jour et de la nuit. Le représentant de Galilée dans les Dialogues remarque à ce sujet : « Tout cela n’est que des modifications au point de vue terrestre. Supprimez la terre par la pensée : il n’y a plus ni lever, ni coucher de soleil, ni horizon, ni méridien, ni jour, ni nuit ! »