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l’on supprime les causes externes (dum externae causæ tollantur) le mouvement se continuera avec la vitesse acquise36. Galilée dit en propres termes que c’est là une expérience faite en pensée ; mais il démontre l’exactitude de la proposition par des expériences qui prouvent que le mouvement se continue d’autant plus longtemps à une allure uniforme que l’on supprime les causes extérieures. Ici apparaît l’action réciproque de la déduction et de l’induction dans la méthode du passage à la limite et Galilée donne lui-même un exemple de son assertion que la voie de la démonstration est autre que celle de la découverte. Car ce n’est pas une preuve que de s’en rapporter à la simplicité de la nature, bien que cette idée puisse mener à d’importantes découvertes.

Galilée se sert également du principe de simplicité comme point de départ dans ses recherches sur le mouvement de chute. « L’observation attentive de la manière habituelle de procéder et d’ordonner de la nature dans toutes ses formes d’activité m’a amené à examiner le mouvement naturellement accéléré ; elle emploie d’ordinaire les moyens les plus simples et les plus faciles… Dès lors quand je considère qu’une pierre sortant de l’état d’immobilité pour être lancée d’une hauteur considérable tombe en acquérant insensiblement un nouvel accroissement de vitesse, pourquoi ne croirais-je pas que cet accroissement se produit le plus simplement du monde ? Et nous ne saurions trouver d’accroissement plus simple que celui qui vient toujours s’ajouter uniformément. » Ici encore les principes généraux ne servent qu’à découvrir et à poser, et non à démontrer véritablement.

En commençant ses recherches sur le mouvement, Galilée dit : « J’apporte d’un objet très vieux une science toute nouvelle. » Il souligne notamment que personne avant lui n’a examiné les variations quantitatives du mouvement dans la chute libre ou dans le mouvement de projection. Galilée a conscience d’avoir fondé par la découverte des lois de ces variations une science nouvelle, « dont il est réservé aux esprits supérieurs de pénétrer les profonds secrets. »

Le progrès dû à l’établissement de cette science avait une importance exceptionnelle. L’histoire de la science de la nature