Page:Höffding - Histoire de la philosophie moderne.djvu/185

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Si donc on peut trouver la loi au moyen de l’analyse des données de l’expérience, il s’ensuit que les causes qui servent à expliquer les phénomènes doivent être elles-mêmes données dans l’expérience. Galilée professe le même principe que Kepler exprimait en exigeant de « vraies causes » (veræ causæ). Galilée démontre très justement que l’invocation de la volonté divine n’explique rien du tout, par le fait même qu’elle explique tout avec la même facilité. Pour Dieu, il est aussi facile de faire tourner l’univers autour de la terre, que la terre autour du soleil. La première chose est aussi simple que la dernière. Mais si nous considérons seulement ce qui tourne, les deux opinions sont évidemment très différentes au point de vue de la simplicité ; l’une exige une dépense de force bien plus grande que l’autre. Les différences finies disparaissent en face de l’Infini, mais elles subsistent quand on compare ensemble deux choses finies. La science doit s’en tenir à ces rapprochements. Si l’on s’autorise d’un miracle, on peut admettre la première hypothèse aussi bien que la seconde ; on manque ici de tout critérium. De plus on ne voit pas que toutes les œuvres créées par la nature et par Dieu sont des miracles, bien qu’elles puissent s’expliquer naturellement.

L’application de cette méthode exclut non seulement l’explication théologique, mais l’explication animiste. Expliquer l’action réciproque des choses, par exemple l’attraction de l’aimant, par la « sympathie », c’est tout simplement se débarrasser d’une foule de questions au moyen d’un mot sonore. De même la pesanteur n’est qu’un mot. Nous ne savons pas ce qui attire la pierre vers la terre, pas plus que nous ne savons ce qui maintient la lune dans sa rotation autour de la terre ou ce qui continue le mouvement de la pierre qui a quitté la main qui l’a lancée. Voilà pourquoi Galilée rejette l’hypothèse d’après laquelle la lune a une influence sur les marées. La crainte qu’il a des « qualités cachées » l’induit ici en erreur.

b) Le nouveau système du monde.

Bien que Galilée répète souvent dans ses Dialogues qu’il ne veut pas fixer de manière de voir, son point de vue propre ne laisse pas d’être suffisamment clair, même si nous ne le con-