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dant pas faire paraître au grand jour, car le sort de notre maître Copernic m’intimide. Il s’est acquis sans doute dans l’esprit de quelques hommes peu nombreux une gloire immortelle, mais pour la foule innombrable (il y a tant d’insensés en ce monde) il est devenu un objet de risée et de raillerie. » Ce n’est qu’après avoir construit un télescope et découvert les satellites de Jupiter qu’il se déclara ouvertement pour le système de Copernic (1610). Ce fut le signal de la persécution. Bien que Galilée fit découverte sur découverte à l’appui de son hypothèse — c’est ainsi qu’il découvrit les taches solaires et les phases de Vénus — moines et théologiens prirent parti contre lui avec une violence sans cesse grandissante. Les philosophes aristotéliciens ne voulaient même pas regarder dans le télescope de Galilée, afin de ne pas avoir le spectacle vexant des modifications du firmament et pour ne point perdre par là leur foi en l’ancien système du monde. Galilée avait raison de dire que si les étoiles elles-mêmes descendaient du ciel sur la terre pour rendre témoignage, ses adversaires ne se laisseraient pas convaincre. En vain il chercha à montrer que ses idées n’étaient pas en contradiction avec la Bible. S’il était resté à Padoue, qui se trouvait sous la domination de Venise, il aurait été certainement en sûreté. Mais pour avoir plus de loisir et pour acquérir une situation pécuniaire plus avantageuse, il accepta les fonctions de « mathématicien » du grand-duc de Florence, et dans cette ville il était facile à atteindre de Rome. Le collège inquisitorial prit alors (1616) la décision, grosse en conséquences, de porter l’ouvrage de Copernic sur la liste des livres interdits « jusqu’à ce qu’il soit retouché » et de déclarer sa doctrine hérétique. Galilée fut cité par devant le Cardinal Bellarmin et reçut — ainsi que l’on prétend dans le camp catholique — l’ordre formel de ne pas défendre et de ne pas propager la doctrine déjà condamnée pour hérésie. Toutefois on ne peut produire la preuve qu’un ordre semblable ait été réellement donné. Galilée n’en suspendit pas pour cela ses investigations. Ses recherches sur les comètes le mirent en conflit avec les Jésuites et le puissant ordre se leva contre lui comme un seul homme. En outre, il travaillait sans relâche à un exposé complet du différend causé par les deux systèmes