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LIVRE DEUXIÈME

LA SCIENCE NOUVELLE


1. — L’objet

La pratique précède la théorie et l’art la science — bien que par la suite il puisse de la théorie sortir une pratique nouvelle, et de la science un art nouveau ! Ainsi que nous l’avons vu, l’humanisme est résulté de la situation politique et sociale des États italiens, et par l’humanisme considéré comme direction de vie pratique s’est formé une nouvelle théorie de l’homme. Semblablement la science mécanique de la nature est sortie de l’industrie florissante des villes italiennes. Pour se procurer des moyens de puissance et de magnificence, les princes étaient obligés de protéger les arts et métiers, et la force individuelle ainsi que le sentiment intense qu’avaient les citadins de leur valeur se déversaient avec une activité empressée et éclairée dans le domaine des travaux et des inventions industrielles. À ce point de vue les villes rivalisaient. On cherchait à se surpasser en habileté professionnelle et l’on gardait jalousement les inventions et les machines nouvelles. La mise en pratique des forces naturelles augmenta la connaissance de leur mode d’activité et devait nécessairement éveiller l’intérêt pour la recherche de leurs lois. On ne comprend l’apparition d’un Léonard de Vinci ou d’un Galilée qu’en la rattachant à l’industrie italienne ; de même, Pomponace et Machiavel ne s’expliquent qu’en les rattachant au développement de l’esprit italien et à la politique italienne.

Prenons un exemple en particulier. Galilée commence ses célèbres Discours sur deux sciences nouvelles en faisant