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peut à la vérité, ainsi que Sigwart le fait remarquer dans son excellente dissertation sur Campanella et sur ses idées politiques, trouver une certaine concordance entre le plan d’une théocratie et le plan d’un État futur scientifiquement administré. Mais il est caractéristique que Campanella ait élaboré ses idées sous cette double forme et de façon telle que ce n’est pas dans la théocratie, mais dans l’État socialiste, que le droit du travail et de la science occupe le premier rang, et qu’il devient l’idéal définitif. Il a vu dans les puissances de son siècle, et même dans les représentants de la réaction au sein de l’Église et de l’État des moyens et des forces éducatrices qui devaient mener tout droit au but idéal, diamétralement opposé à l’état de choses existant. Tout en étant sous tant de rapports réactionnaire, Campanella a encore dans les veines le sang de la Renaissance et son regard dépasse les limites du monde social actuel avec le même enthousiasme que Giordano Bruno jetait les yeux au delà des limites sensibles du ciel extérieur.