Page:Höffding - Histoire de la philosophie moderne.djvu/111

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

années dans une solitude spirituelle complète. Il fut frappé d’hémorragie et de paralysie au printemps de 1543 et la mort survint le 24 mai 1543. Il reçut à son lit de mort un exemplaire de son ouvrage, mais il n’avait déjà plus sa connaissance.

Il ne nous appartient pas de faire ressortir toutes les questions d’astronomie que Copernic dut aborder. Ce qui intéresse l’histoire générale de la pensée, ce sont les hypothèses dont part le réformateur de l’astronomie et les grands traits sous lesquels apparaît son nouveau tableau du monde. Son système porte dans les hypothèses la marque de l’esprit contemporain ; par le caractère de la conception du monde il intervient dans l’évolution progressive du temps.

Deux des hypothèses méritent en particulier notre intérêt.

L’artifice et la confusion de l’ancien système du monde poussèrent Copernic à réfléchir sur la possibilité de concevoir autrement les phénomènes célestes. Tout ce système de sphères et d’épicyles reliés de façon multiple semblait à ses yeux contredire la simplicité et la finalité manifestée ailleurs par la nature. La sagacité de la nature (naturæ sagacitas) atteint ailleurs son but par les moyens les plus simples, sans détours et par la connexion harmonieuse des éléments actifs. Elle tend à rattacher de nombreux effets à une seule cause, plutôt qu’à augmenter le nombre des causes. Cette foi en la simplicité de la nature était pour Copernic et pour ses continuateurs un principe méthodologique et aussi métaphysique. Ils auraient été bien embarrassés si on leur avait demandé comment ils savaient que la nature procède toujours par la voie la plus simple. C’était pour eux une certitude immédiate, une foi religieuse. Ils se sentaient encore près du cœur de la nature. Ce fut essentiellement la tâche de la philosophie que d’examiner par la suite si de semblables hypothèses étaient justifiées. Pour le moment, on se mit hardiment à l’œuvre, et cette fois l’idée de l’hypothèse se révéla comme heureuse. Elle imposa la nécessité de trouver un point de vue permettant d’embrasser l’ordre du monde et du supprimer la confusion qui avait régné jusqu’alors. Ce qui, d’après le principe de simplicité, devait notamment paraître absurde, c’était de faire tourner l’univers entier autour de la