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burg ; font exception quelques années pendant lesquelles il géra les biens du couvent. Les études d’astronomie ne le préoccupaient donc pas exclusivement. Il était administrateur et médecin ; il prit en outre part à des négociations relatives à des réformes monétaires. Il n’avait pas complètement délaissé ses études d’humaniste. Il publia en 1509 les Épitres de Théophylactus en traduction latine. Ainsi, une activité universelle. De plus, il observait avec attention ce qui se passait dans le monde. Comme médecin il appartenait sans doute à la vieille école et s’appuyait sur Avicenne. Mais vis-à-vis du mouvement religieux, il prit avec plusieurs de ses collègues une attitude libérale et sympathique. On désirait une Réforme ; on voulait en tous cas savoir la lutte soutenue avec les armes de la pensée. Il semble que ce soit la tendance d’esprit d’Erasme qui ait été prépondérante chez les chanoines d’Ermeland.

Copernic laissa reposer son œuvre de longues années. Il la relimait sans cesse et il hésitait beaucoup à la publier. Cependant ses idées se répandaient au loin, surtout peut-être au moyen d’un petit extrait (commentariolus) écrit par lui, que l’on a découvert il y a peu de temps sous forme de manuscrit. Celui qui décida de la publication fut Joachim Rheticus, un jeune partisan enthousiaste, professeur à l’université de Wittenberg. Il alla à Frauenburg (1539) et séjourna deux ans auprès de Copernic, afin d’étudier ses œuvres. C’est de sa main que le monde savant reçut les premiers renseignements détaillés sur le nouveau système (Narratio prima de libris revolutionum. Danzig 1539-1540). En outre il engagea le maître à surmonter ses scrupules et à confier son œuvre à la presse.

Les dernières années de Copernic ne furent pas heureuses. La réaction catholique commença et l’esprit plutôt libéral, humaniste, qui régnait jusqu’alors parmi les chanoines, fut désormais entravé et persécuté par le nouvel évêque Jean Dantiscus, qui d’homme du monde et de poète érotique était devenu le serviteur fanatique de l’Église. En dépit de ses anciens liens d’amitié avec Copernic, il semblait maintenant prendre à tâche de le tourmenter. Copernic fut contraint de rompre toutes relations avec plusieurs personnes qui lui tenaient de très près, parce que l’évêque les croyait hérétiques. Il passa ses dernières