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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

Athènes, et qu’après avoir recouvré l’autorité souveraine, il mourrait de vieillesse en son palais. Telles étaient les inductions qu’il tirait d’après le songe qu’il avait eu. Mais alors il s’acquittait du devoir de général ; on transportait par son ordre les prisonniers d’Érétrie dans l’île d’Ægilia, qui était de la dépendance des Styréens ; il faisait placer les vaisseaux à la rade de Marathon à mesure qu’ils abordaient, et rangeait en bataille les barbares qui étaient descendus à terre. Pendant qu’il était occupé de ces fonctions, il lui survint un éternument, et une toux plus forte qu’à l’ordinaire. Comme la plupart de ses dents étaient ébranlées par l’âge, la violence de la toux lui en fit sortir une de la bouche, qui tomba sur le sable. Ayant donné, mais en vain, tous ses soins pour la retrouver, il dit en soupirant à ceux qui se trouvaient auprès de lui : Cette terre n’est pas à nous, et nous ne pourrons point l’assujettir ; ma dent occupe tout ce qui m’en revenait. Cet accident lui fit conjecturer que son songe était accompli.

CVIII. Pendant que les Athéniens étaient en ordre de bataille dans un champ consacré à Hercule, les Platéens arrivèrent à leur secours avec toutes leurs forces. Ces peuples s’étaient donnés aux Athéniens, et ceux-ci avaient déjà essuyé bien des travaux à leur sujet. Voici à quelle occasion ils s’étaient mis sous leur protection. Les Platéens, accablés par les Thébains, avaient d’abord voulu se mettre sous la sauvegarde de Cléomène, fils d’Anaxandrides, et des Lacédémoniens qui se trouvaient sur les lieux. Mais ceux-ci, sans accepter leurs offres, leur dirent : « Nous sommes si éloignés de vous, que le secours que nous pourrions vous donner serait trop précaire ; et vous seriez souvent réduits en servitude avant qu’aucun de nous l’eût seulement appris. Nous vous conseillons donc de vous remettre entre les mains des Athéniens ; ils sont vos voisins, et en état, par leur courage, de vous protéger. » Au reste, les Lacédémoniens donnaient ce conseil aux Platéens, moins par bienveillance pour eux que parce qu’ils souhaitaient fatiguer les Athéniens, en les mettant aux prises avec les Béotiens. Les Platéens suivirent le conseil des Lacédémoniens ; et, tandis qu’on faisait à