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VIE D’HOMÈRE.

cellait, dit-il, ranger en bataille les chars et les gens de pied. C’est dans les vers suivants :

« Le fils de Pétéus, Ménesthée, conduit ces troupes. Entre tous les mortels que nourrit la terre, nul n’égala ce chef dans l’art de ranger en bataille les chars et les combattants. »

Il place près des Athéniens Ajax, fils de Télamon, qui commandait les Salaminiens. C’est dans ces vers :

« Ajax, fils de Télamon, a conduit douze vaisseaux de Salamine, et les a placés auprès des phalanges d’Athènes. »

Enfin, dans l’Odyssée, il feint que Minerve, après un entretien qu’elle eut avec Ulysse, se rendit à Athènes, qu’elle honorait plus que toutes les autres villes.

« Prenant son vol vers les plaines de Marathon, elle se rend à la superbe ville d’Athènes, séjour fameux de l’antique Érechthée. »

XXIX. Après avoir inséré ces vers dans son poëme et s’être préparé à son voyage, il se rendit à Samos dans l’intention de passer en Grèce. Les Samiens célébraient la fête des Apaturies. Un habitant de Samos, qui avait vu Homère à Chios, l’ayant reconnu à la descente du vaisseau, courut en diligence faire part à ses compatriotes de l’arrivée de ce poëte, dont il leur fit le plus grand éloge. Les Samiens lui ordonnèrent de le leur amener. Incontinent il retourne sur ses pas, et, l’ayant rencontré, il lui dit : « Mon hôte, les Samiens célèbrent en ce jour la fête des Apaturies ; nos citoyens vous invitent à la célébrer avec eux. » Homère y consentit, et se mit en marche avec celui qui l’avait invité.

XXX. Il rencontra sur sa route des femmes qui offraient dans un carrefour un sacrifice à Courotrophos[1]. La prêtresse, l’ayant aperçu, lui dit d’un air chagrin : « Homme, éloigne-toi de nos sacrifices. » Homère, ayant réfléchi sur ces paroles, demanda à son conducteur quel était celui qui les lui avait adressées, et à quel dieu il sacrifiait. Le Samien lui répondit que c’était une femme

  1. Le père Politi prouve très-bien que Courotrophos est la même divinité que Lucine. (Voyez les Commentaires d’Eustathe, p. xiii.)