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CALLIOPE, LIVRE IX.

a reçu par sa mort la juste punition de son entreprise ; je vous prie de me donner sa maison, afin qu’on apprenne à ne pas porter la guerre dans vos États. » Xerxès, n’ayant aucun soupçon de ses desseins, se laissa aisément persuader par ce discours de lui donner cette maison. Artayctès disait que Protésilas était entré à main armée sur les terres du roi, parce que les Perses s’imaginent que l’Asie entière leur appartient, ainsi qu’au roi et à tous ses successeurs. Telle était sa pensée. Xerxès ayant donné ces trésors à Artayctès, celui-ci les transporta d’Éléonte à Sestos, fit labourer et ensemencer le champ consacré à Protésilas, et, toutes les fois qu’il allait à Éléonte, il avait commerce avec des femmes dans le sanctuaire. Comme il ne s’attendait pas à voir venir les Grecs, il ne s’était point préparé à soutenir un siége ; et lorsque les Athéniens l’assiégèrent dans Sestos, ils tombèrent en quelque sorte à l’improviste sur lui.

CXVI. L’automne vint pendant qu’on était occupé du siége. Les Athéniens, affligés de se voir éloignés de leur patrie, et de ne pouvoir prendre cette place, prièrent leurs généraux de les ramener à Athènes. Ceux-ci leur répondirent qu’ils ne le feraient pas que la ville ne fût en leur pouvoir, ou que le peuple ne les rappelât, tant ils étaient ardents à pousser leur entreprise.

CXVII. Les assiégés furent réduits à un tel excès de misère, qu’ils firent bouillir les courroies qui soutenaient leurs lits pour les manger. Ces courroies étant venues à leur manquer, Artayctès, Œobasus et les Perses descendirent vers le commencement de la nuit, derrière la ville, à un endroit que les ennemis n’occupaient pas, et se sauvèrent. Dès que le jour parut, les Chersonésites apprirent, par les signaux qu’ils firent du haut des tours aux assiégeants, la fuite des Perses, et leur ouvrirent les portes. La plupart des Athéniens les poursuivirent ; les autres s’emparèrent de la ville.

CXVIII. Œobasus se sauva en Thrace, où il fut pris par

    même comme leur ayant toujours appartenu, probablement parce qu’ils pensaient avoir succédé aux droits des princes qu’ils avaient vaincus. (L.)