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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

avec ses enfants et les troupes qui l’accompagnaient. En voilà assez sur les amours de Xerxès et la mort de Masistès.

CXIII. Les Grecs partirent de Mycale pour l’Hellespont ; mais les vents contraires les obligèrent de s’arrêter d’abord aux environs du promontoire Lectum. De là ils allèrent à Abydos, et trouvèrent rompus les ponts qu’ils croyaient encore entiers, et qui étaient le principal objet de leur voyage. Léotychides et les Péloponnésiens furent d’avis de retourner en Grèce. Mais les Athéniens résolurent, avec leur général Xanthippe, de rester en cet endroit et d’attaquer la Chersonèse. Les Péloponnésiens partirent. Quant aux Athéniens, ils passèrent d’Abydos dans la Chersonèse, et firent le siége de Sestos.

CXIV. Comme Sestos était la plus forte place de tout le pays, on s’y rendit des villes voisines aussitôt qu’on eut appris l’arrivée des Grecs dans l’Hellespont ; et il y vint aussi de Cardia un Perse nommé Œobasus qui y avait fait porter les agrès des vaisseaux qui avaient servi aux ponts. Cette ville était occupée par des Éoliens nés dans le pays ; il s’y trouvait aussi des Perses et un grand nombre d’alliés.

CXV. Artayctès, Perse de nation, homme cruel et impie, gouvernait cette province sous les ordres de Xerxès. Sur un faux exposé qu’il avait fait à Xerxès, tandis que ce prince marchait à Athènes avec ses troupes, il avait enlevé d’Éléonte les trésors de Protésilas[1], fils d’Iphiclus. On voit en cette ville, qui est de la Chersonèse, le tombeau de ce héros avec sa chapelle et la portion de terre qui lui est consacrée.

On y gardait de grandes richesses, des vases d’or et d’argent, du cuivre, des habits et d’autres offrandes, dont Artayctès s’était emparé avec la permission du roi, qui, trompé par ses discours artificieux, lui en avait fait présent. « Seigneur, lui avait-il dit, il y a ici la maison d’un Grec qui, étant entré sur vos terres avec des troupes[2],

  1. Protésilas était Thessalien. Il alla au siége de Troie à la tête des troupes de Phylacé, de Pyrrhasus, d’Iton, etc. Il fut tué par un Dardanien en débarquant. (L.)
  2. Les Perses regardaient l’Asie non-seulement comme étant à eux, mais