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CALLIOPE, LIVRE IX.

même que celui de Thémistocles[1] à Artémisium, ce discours devant faire impression sur les Ioniens s’il échappait à la connaissance des Barbares, ou les rendre suspects aux Perses s’il leur était rapporté.

XCVIII. Ce conseil donné, les Grecs approchèrent leurs vaisseaux du rivage, descendirent à terre et se rangèrent en bataille. Les Perses les voyant se préparer au combat, et instruits des exhortations qu’ils avaient faites aux Ioniens, désarmèrent d’un côté les Samiens, qu’ils soupçonnaient d’intelligence avec les Grecs. Ces soupçons étaient d’autant mieux fondés, que les Samiens avaient racheté cinq cents Athéniens qui, ayant été laissés dans l’Attique, avaient été faits prisonniers par les Perses et amenés sur leurs vaisseaux ; et après les avoir rachetés, ils les avaient renvoyés à Athènes, et leur avaient fourni tout ce qui était nécessaire pour leur voyage, quoiqu’ils fussent ennemis de Xerxès. D’un autre côté, les Perses ordonnèrent aux Milésiens de garder les chemins qui conduisaient au sommet du mont Mycale, sous prétexte, sans doute, qu’ils connaissaient parfaitement le pays, mais en effet pour les éloigner du camp. Ce fut ainsi que les Perses se précautionnèrent contre ceux d’entre les Ioniens qu’ils croyaient dans le dessein de remuer, en cas qu’ils fussent assez forts pour l’entreprendre. Ils entassèrent ensuite leurs boucliers[2] les uns sur les autres pour s’en faire un rempart.

XCIX. Lorsque les Grecs se furent mis en ordre de bataille, ils allèrent aux ennemis. Tandis qu’ils s’avançaient, il parut un caducée sur le rivage, et il courut un bruit par toute l’armée que les Grecs avaient remporté en Béotie la victoire sur Mardonius. Ce qui arrive par la permission des dieux se reconnaît à bien des signes. En effet, le même jour que les Perses furent battus à Platées, et qu’ils devaient l’être à Mycale, le bruit de leur défaite s’étant répandu parmi les Grecs à Mycale, inspira à ceux-ci encore plus de confiance, et leur fit affronter les dangers avec plus d’ardeur.

C. On reconnut encore que cela était arrivé par la per-

  1. Voyez livre viii, § xxii.
  2. Voyez ci-dessus, § lx.