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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

jamais l’abandonner, ni lui ni les siens, faisait tous ses efforts pour contenir les troupes et les empêcher de quitter leur poste. Mais lorsqu’il les vit s’avancer avec Pausanias, jugeant alors qu’il en était ouvertement abandonné, il fit prendre les armes à sa compagnie, et la mena au petit pas vers le reste de l’armée. Quand Pausanias eut fait environ dix stades, il s’arrêta sur les bords du Moloéis, au lieu nommé Argiopius, où est un temple de Cérès Éleusinienne ; il y attendit Amopharète dans l’intention de retourner à son secours, en cas qu’il se fût obstiné à rester dans son poste avec sa compagnie. Enfin Amopharète arriva avec les siens. Toute la cavalerie ennemie pressa vivement les Grecs, selon sa coutume. Les Barbares, ayant remarqué que le camp que les Grecs avaient occupé les jours précédents était abandonné, poussèrent leurs chevaux toujours en avant, et ne les eurent pas plutôt atteints, qu’ils se mirent à les harceler.

LVII. Quand Mardonius eut appris que les Grecs s’étaient retirés pendant la nuit, et qu’il eut vu leur camp désert, il manda Thorax de Larisse, avec Eurypile et Thrasydéius, ses frères, et leur parla ainsi : « Fils d’Aleuas, que direz-vous encore en voyant ce camp abandonné ? Vous autres qui êtes voisins des Lacédémoniens, vous souteniez qu’ils ne fuyaient jamais du combat, et qu’ils étaient les plus braves de tous les hommes. Vous les avez vus néanmoins changer d’abord de poste, et maintenant nous voyons tous qu’ils ont pris la fuite la nuit dernière. Quand il leur a fallu combattre contre des hommes vraiment braves, ils ont fait voir que, n’étant dans le fond que des lâches, ils ne se distinguaient que parmi des Grecs, qui sont aussi lâches qu’eux.

» Comme vous n’aviez point encore éprouvé la valeur des Perses, et que vous connaissiez aux Lacédémoniens quelque courage, je vous pardonnais les éloges que vous leur donniez ; j’étais beaucoup plus surpris qu’Artabaze redoutât les Lacédémoniens, et qu’il fût lâchement d’avis de lever le camp, et de s’enfermer dans la ville de Thèbes pour y soutenir un siége. J’aurai soin dans la suite d’informer le roi de ce conseil ; mais nous en par-