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CALLIOPE, LIVRE IX.

la combattre de près. Elle s’avança jusqu’à la fontaine de Gargaphie, qui fournissait de l’eau à toute l’armée grecque ; la troubla et la boucha. Il n’y avait que les Lacédémoniens qui campassent près de cette fontaine ; les autres Grecs en étaient éloignés suivant la disposition de leurs quartiers. L’Asope se trouvait dans leur voisinage ; mais la cavalerie les repoussant à coups de traits, et les empêchant d’y puiser de l’eau, ils allaient en chercher à cette fontaine.

XLIX. Dans ces circonstances, comme les Grecs manquaient d’eau, et que la cavalerie ennemie les incommodait beaucoup, les généraux se rendirent à l’aile droite pour délibérer avec Pausanias sur ce sujet et sur d’autres ; car, malgré leur triste situation, il y avait encore d’autres choses qui les inquiétaient davantage. Ils manquaient de vivres, et leurs valets, qu’ils avaient envoyés chercher des provisions dans le Péloponnèse, ne pouvaient pas retourner au camp, parce que la cavalerie leur en fermait le passage.

L. Les généraux furent d’avis d’aller dans l’île, si les Perses différaient encore ce jour-là le combat. Cette île est vis-à-vis de Platées, à dix stades de l’Asope et de la fontaine de Gargaphie, auprès de laquelle ils campaient alors. On pourrait la regarder comme une île dans le continent. La rivière descend du mont Cithéron dans la plaine, se partage en deux bras éloignés l’un de l’autre d’environ trois stades, et réunit ensuite ses eaux dans un même lit : cette île se nomme Œroé. Les habitants de ce pays disent qu’Œroé est fille d’Asope[1]. Ce fut dans cette île que les Grecs résolurent de passer, tant pour avoir de l’eau en abondance, que pour ne plus être incommodés par la cavalerie, comme ils l’étaient quand ils se trouvaient vis-à-vis d’elle. Ils prirent la résolution de décamper la nuit, à la seconde veille, de crainte que les Perses, venant à s’apercevoir de leur départ, ne les suivissent et ne les inquiétassent dans leur marche. Ils étaient aussi convenus qu’arrivés au lieu qu’Œroé, fille d’Asope, coulant du Cithéron,

  1. Diodore de Sicile, qui fait mention de douze filles d’Asope, et Apollodore, qui en nomme vingt, ne parlent point de cette Œroé. (Wesseling.)