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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

guerre ; vos services ne l’emporteront jamais sur la générosité du roi ni sur la mienne. » Voilà ce qui se passa à l’égard des Phocidiens.

XIX. Les Lacédémoniens ne furent pas plutôt arrivés à l’isthme[1] qu’ils y assirent leur camp. Sur cette nouvelle, les peuples du Péloponnèse les mieux intentionnés pour la patrie se mirent en marche, ainsi que ceux qui avaient été témoins du départ des Spartiates, les uns et les autres ne voulant pas que les Lacédémoniens eussent en cela quelque avantage sur eux. Les sacrifices étant favorables, ils sortirent tous de l’isthme, et arrivèrent à Éleusis. On renouvela en cet endroit les sacrifices ; et comme ils ne présageaient rien que d’heureux, ils continuèrent leur marche, accompagnés des Athéniens, qui, ayant passé de Salamine sur le continent, les avaient joints à Éleusis. Ayant appris, à leur arrivée à Érythres en Béotie, que les Barbares campaient sur les bords de l’Asope, ils tinrent conseil là-dessus, et allèrent se poster vis-à-vis d’eux, au pied du mont Cithéron.

XX. Comme ils ne descendaient pas dans la plaine, Mardonius envoya contre eux toute sa cavalerie, commandée par Masistius, homme de grande distinction parmi les Perses. Ce général, que les Grecs appellent Macisius, était monté sur un cheval niséen, dont la bride était d’or et le reste du harnais magnifique. La cavalerie s’étant approchée des Grecs en bon ordre, fondit sur eux et leur fit beaucoup de mal, leur reprochant en même temps qu’ils n’étaient que des femmes.

XXI. Les Mégariens se trouvaient par hasard placés dans l’endroit le plus aisé à attaquer, et d’un plus facile accès pour les chevaux. Pressés par la cavalerie, ils envoyèrent

  1. Lorsque les Grecs furent assemblés à l’isthme, ils résolurent de faire un serment qui resserrât leur union, et qui les forçât de soutenir courageusement les dangers. Il était conçu en ces termes : « Je ne préférerai point la vie à la liberté ; je n’abandonnerai mes généraux ni vivants ni morts ; j’accorderai la sépulture à tous les alliés qui auront péri dans le combat. Après avoir vaincu les Barbares, je ne détruirai aucune ville qui aura contribué à leur défaite ; je ne relèverai aucun des temples qu’ils auront brûlés ou renversés, mais je les laisserai dans l’état où ils sont, pour servir à la postérité de monument de l’impiété des Barbares. » (Diodore, lib. xi.)