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URANIE, LIVRE VIII.

grâce avec Xerxès ; profitez de l’occasion ; jamais il ne s’en présentera où vous puissiez le faire à des conditions plus honorables. Le roi vous en presse, soyez libres, et contractez avec nous une alliance sincère, sans fraude ni tromperie.

» Voilà, Athéniens, ce que Mardonius m’a commandé de vous dire : quant à moi, je ne vous parlerai pas de ma bienveillance pour vous ; je n’ai pas attendu jusqu’au moment présent à la faire connaître : suivez, je vous en conjure, les conseils de Mardonius. Vous n’êtes pas en état de soutenir la guerre jusqu’au bout contre Xerxès. Si je vous avais vus assez puissants pour lui résister, je ne serais pas venu ici avec les propositions que je vous apporte de sa part. La puissance du roi est immense et plus qu’humaine. Si vous n’acceptez pas sur-le-champ l’alliance que vous offrent les Perses à des conditions si avantageuses, je crains d’autant plus pour vous, que de tous les confédérés vous êtes les plus exposés, et que vous trouvant enclavés au milieu des ennemis, et votre pays entre deux armées, vous êtes toujours les seuls sur qui tombe la perte. Ces offres sont d’un prix inestimable. Ne les rejetez donc pas, et cela d’autant plus que vous êtes les seuls à qui le grand roi veuille pardonner, et les seuls dont il recherche l’alliance. » Ainsi parla Alexandre.

CXLI. Les Lacédémoniens ayant appris que ce prince venait à Athènes pour engager les Athéniens à traiter avec le roi, se rappelèrent que les oracles avaient prédit qu’ils seraient nécessairement chassés du Péloponnèse avec le reste des Doriens par les Mèdes unis aux Athéniens. Craignant donc qu’ils n’acceptassent cette alliance, ils résolurent de leur envoyer sur-le-champ une députation. Les ambassadeurs de Lacédémone se trouvèrent à l’assemblée du peuple. Les Athéniens l’avaient différée, parce qu’ils étaient persuadés que les Lacédémoniens apprendraient qu’on était venu négocier avec eux de la part du Barbare, et que sur cette nouvelle ils se hâteraient de faire partir des députés. Ils avaient donc différé l’assemblée du peuple de