Page:Hérodote - Histoire, trad. Larcher, tome 2, 1850.djvu/196

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
197
URANIE, LIVRE VIII.

taient arrêtés un mois sur ses bords, y compris le temps qu’ils avaient employé à le traverser. S’étant ensuite mis en marche, ils étaient arrivés, trois autres mois après, dans l’Attique, sous l’archontat de Calliades. Ils prirent la ville, qui était abandonnée, et ne trouvèrent qu’un petit nombre d’Athéniens dans le temple (de Minerve), avec les trésoriers du temple et quelques pauvres gens qui, ayant barricadé les portes et les avenues de la citadelle avec du bois, repoussèrent l’ennemi qui voulait y entrer. Leur pauvreté les avait empêchés d’aller à Salamine, et d’ailleurs ils regardaient la muraille de bois comme imprenable, suivant l’oracle rendu par la Pythie, dont ils croyaient avoir saisi le sens, s’imaginant que ce mur était l’asile indiqué par l’oracle, et non les vaisseaux.

LII. Les Perses assirent leur camp sur la colline qui est vis-à-vis de la citadelle, et que les Athéniens appellent Aréopage (colline de Mars), et en firent le siége de cette manière. Ils tirèrent contre les barricades des flèches garnies d’étoupes, auxquelles ils avaient mis le feu. Les assiégés, quoique réduits à la dernière extrémité et trahis par leurs barricades, continuèrent cependant à se défendre, et ne voulurent point accepter les conditions d’accommodement que leur proposèrent les Pisistratides. Ils repoussèrent toujours l’ennemi, et lorsqu’il s’approcha des portes, entre autres moyens de défense, ils roulèrent sur lui des pierres d’une grosseur prodigieuse. De sorte que Xerxès, ne pouvant les forcer, fut longtemps embarrassé sur ce qu’il devait faire.

LIII. Enfin, au milieu de ces difficultés, les Barbares s’aperçurent d’un passage : car il fallait, comme l’avait prédit l’oracle, que les Perses se rendissent maîtres de tout ce que possédaient les Athéniens sur le continent. Vis-à-vis de la citadelle, derrière les portes et le chemin par où l’on y monte, est un lieu escarpé, qui n’était pas gardé ; personne ne se serait jamais attendu qu’on pût y gravir. Quelques Barbares le firent cependant, près de la chapelle d’Agraulos, fille de Cécrops. Lorsque les Athéniens les virent dans la citadelle, les uns se tuèrent en se précipitant du haut du mur, les autres se réfugièrent dans le

17*