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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

découvrit ce sentier, et c’est lui que j’accuse de ce crime.

CCXV. Les promesses d’Éphialtes plurent beaucoup à Xerxès, et lui donnèrent bien de la joie. Aussitôt il envoya Hydarnes avec les troupes qu’il commandait pour mettre ce projet à exécution. Ce général partit du camp à l’heure où l’on allume les flambeaux. Les Méliens, qui sont les habitants naturels de ce pays, découvrirent ce sentier, et ce fut par là qu’ils conduisirent les Thessaliens contre les Phocidiens lorsque ceux-ci, ayant fermé d’un mur le passage des Thermopyles, se furent mis à couvert de leurs incursions ; et depuis un si long temps il était prouvé que ce sentier n’avait été d’aucune utilité aux Méliens.

CCXVI. En voici la description : il commence à l’Asope, qui coule par l’ouverture de la montagne qui porte le nom d’Anopée, ainsi que le sentier. Il va par le haut de la montagne, et finit vers la ville d’Alpènes, la première du pays des Locriens du côté des Méliens, près de la roche appelée Mélampyge[1] et de la demeure des Cercopes. C’est là que le chemin est le plus étroit.

CCXVII. Les Perses, ayant passé l’Asope près du sentier dont j’ai fait la description, marchèrent toute la nuit, ayant à droite les monts des Œtéens et à gauche ceux des Trachiniens. Ils étaient déjà sur le sommet de la montagne lorsque l’aurore commença à paraître. On avait placé en cet endroit, comme je l’ai dit plus haut, mille Phocidiens pesamment armés pour garantir leur pays de l’invasion des Barbares et pour garder le sentier, car le passage inférieur était défendu par les troupes dont j’ai parlé, et les Phocidiens avaient promis d’eux-mêmes à Léonidas de garder celui de la montagne.

CCXVIII. Les Perses montaient sans être aperçus, les

  1. Thia, fille de l’Océan, eut deux fils, qui insultaient les passants. Leur mère leur conseille de ne faire tort à personne, de crainte de tomber entre les mains de quelque homme aux fesses noires (de quelque Mélampyge), et d’être punis de leur insolence. Hercule, les ayant un jour rencontrés, les lia ensemble par les pieds, et les chargea ensuite sur ses épaules, la tête en bas et au-dessous de la peau du lion. Ces deux frères ayant remarqué qu’Hercule avait les fesses velues, se rappelèrent ce que leur avait dit leur mère, et firent des éclats de rire. Hercule, ayant appris le sujet de leurs ris, les détacha et les laissa aller. (L.)