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POLYMNIE, LIVRE VII.

trône. Tel fut le succès de cette action. Les Barbares ne réussirent pas mieux le lendemain. Ils se flattaient cependant que les Grecs ne pourraient plus lever les mains, vu leur petit nombre et les blessures dont ils les croyaient couverts. Mais les Grecs, s’étant rangés en bataille par nations et par bataillons, combattirent tour à tour, excepté les Phocidiens, qu’on avait placés sur la montagne pour en garder le sentier. Les Perses, voyant qu’ils se battaient comme le jour précédent, se retirèrent.

CCXIII. Le roi se trouvait très-embarrassé dans les circonstances présentes, lorsque Éphialtes, Mélien de nation et fils d’Eurydème, vint le trouver dans l’espérance de recevoir de lui quelque grande récompense. Ce traître lui découvrit le sentier qui conduit par la montagne aux Thermopyles, et fut cause par là de la perte totale des Grecs qui gardaient ce passage. Dans la suite il se réfugia en Thessalie pour se mettre à couvert du ressentiment des Lacédémoniens, qu’il craignait ; mais, quoiqu’il eût pris la fuite, les pylagores, dans une assemblée générale des amphictyons aux Pyles, mirent sa tête à prix ; et dans la suite, étant venu à Anticyre, il fut tué par un Trachinien nomme Athénadès. Celui-ci le tua pour un autre sujet, dont je parlerai dans la suite de cette histoire ; mais il n’en reçut pas moins des Lacédémoniens la récompense qu’ils avaient promise. Ainsi périt Éphialtes quelque temps après cette expédition des Barbares.

CCXIV. On dit aussi que ce furent Onétès de Caryste, fils de Phanagoras, et Corydale d’Anticyre qui firent ce rapport au roi, et qui conduisirent les Perses autour de cette montagne. Je n’ajoute nullement foi à ce récit, et je m’appuie d’un côté sur ce que les pylagores des Grecs ne mirent point à prix la tête d’Onétès ni celle de Corydale, mais celle du Trachinien Éphialtes ; ce qu’ils ne firent sans doute qu’après s’être bien assurés du fait. D’un autre côlé, je sais très-certainement qu’Éphialtes prit la fuite à cette occasion. Il est vrai qu’Onétès aurait pu connaître ce sentier, quoiqu’il ne fût pas Mélien, s’il se fût rendu le pays très-familier. Mais ce fut Éphialtes qui conduisit les Perses par la montagne, ce fut lui qui leur