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POLYMNIE, LIVRE VII.

miers en campagne et qu’ils attendaient tous les jours le reste des alliés ; que la mer serait gardée par les Athéniens, les Éginètes, et les autres peuples dont était composée l’armée navale ; qu’ils avaient d’autant moins sujet de craindre, que ce n’était pas un dieu, mais un homme qui venait attaquer la Grèce ; qu’il n’y avait jamais eu d’homme, et qu’il n’y en aurait jamais qui n’éprouvât quelque revers pendant sa vie ; que les plus grands malheurs étaient réservés aux hommes les plus élevés ; qu’ainsi celui qui venait leur faire la guerre, étant un mortel, devait être frustré de ses espérances. Ces raisons les déterminèrent à aller à Trachis au secours de leurs alliés.

CCIV. Chaque corps de troupes était commandé par un officier général de son pays ; mais Léonidas de Lacédémone était le plus considéré, et commandait en chef toute l’armée. Il comptait parmi ses ancêtres Anaxandrides, Léon, Eurycratides, Anaxandre, Eurycrates, Polydore, Alcamènes, Téléclus, Archélaüs, Agésilaüs, Doryssus, Léobotes, Echestratus, Agis, Eurysthènes, Aristodémus, Aristomachus, Cléodéus, Hyllus, Hercule.

CCV. Léonidas parvint à la couronne contre son attente. Cléomènes et Doriée, ses frères, étant plus âgés que lui, il ne lui était point venu en pensée qu’il pût jamais devenir roi. Mais Cléomènes était mort sans enfants mâles, et Doriée n’était plus, il avait fini ses jours en Sicile. Ainsi Léonidas, qui avait épousé une fille de Cléomènes, monta sur le trône, parce qu’il était l’aîné de Cléombrote, le plus jeune des fils d’Anaxandrides. Il partit alors pour les Thermopyles, et choisit pour l’accompagner le corps fixe et permanent des trois cents Spartiates qui avaient des enfants. Il prit aussi avec lui les troupes des Thébains, dont j’ai déjà dit le nombre. Elles étaient commandées par Léontiades, fils d’Eurymachus. Les Thébains furent les seuls Grecs que Léonidas s’empressa de mener avec lui, parce qu’on les accusait fortement d’être dans les intérêts des Mèdes. Il les invita donc à cette guerre, afin de savoir s’ils lui enverraient des troupes, ou s’ils renonceraient ouvertement à l’alliance des Grecs. Ils lui en envoyèrent, quoiqu’ils fussent malintentionnés.

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