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POLYMNIE, LIVRE VII.

du corps d’Hippocrates s’éleva en peu de temps par son mérite à la dignité de général de la cavalerie. Il s’était en effet distingué contre les Callipolites, les Naxiens, les Zancléens, les Léontins, et outre cela contre les Syracusains et plusieurs peuples barbares qu’Hippocrates avait assiégés dans leurs capitales. De toutes les villes que je viens de nommer, il n’y eut que celle de Syracuse qui évita le joug d’Hippocrates. Il en battit les habitants près du fleuve Élorus ; mais les Corinthiens et les Corcyréens les délivrèrent de la servitude, et les réconcilièrent avec ce prince, à condition qu’ils lui donneraient Camarine[1], qui leur appartenait de toute antiquité.

CLV. Hippocrates, après avoir régné autant de temps (sept ans) que son frère Cléandre, mourut devant la ville d’Hybla en faisant la guerre aux Sicules. Alors Gélon prit en apparence la défense d’Euclides et de Cléandre, tous deux fils d’Hippocrates, contre les citoyens de Géla, qui ne voulaient plus les reconnaître pour leurs maîtres. Ayant vaincu ceux-ci dans un combat, il s’empara réellement lui-même de l’autorité souveraine, et en dépouilla les fils d’Hippocrates. Cette entreprise lui ayant réussi, il ramena de la ville de Casmène ceux d’entre les Syracusains qu’on appelait Gamores. Ils avaient été chassés par le peuple et par leurs propres esclaves, nommés Cillicyriens. En les rétablissant dans Syracuse, il s’empara aussi de cette place ; car le peuple, voyant qu’il venait l’attaquer, lui livra la ville et se soumit.

CLVI. Lorsque Syracuse fut en sa puissance, il fit beaucoup moins de cas de Géla, dont il était auparavant en possession. Il en confia le gouvernement à son frère Hiéron, et garda pour lui Syracuse, qui était tout pour lui et lui tenait lieu de tout. Cette ville s’accrût considérablement en peu de temps et devint très-florissante. Il y transféra tous les habitants de Camarine, les en fit citoyens, et rasa leur ville. Il en agit de même à l’égard de plus de la moitié des Gélois. Il assiégea les Mégariens de Sicile, et les

  1. Camarine était pour lors détruite ; mais les Syracusains donnèrent le territoire de cette ville à Hippocrates, tyran de Géla. Ce prince y envoya une colonie, et la rétablit. (L.)