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POLYMNIE, LIVRE VII.

troupes pour se soumettre, et qu’ainsi il ne serait plus nécessaire de se donner la peine de conduire une armée contre eux.

CXLVII. Ce sentiment ressemble à cet autre du même prince. Tandis qu’il était à Abydos, il aperçut des vaisseaux qui, venant du Pont-Euxin, traversaient l’Hellespont pour porter du blé en Égine et dans le Péloponnèse. Ceux qui étaient auprès de lui, ayant appris que ces vaisseaux appartenaient aux ennemis, se disposaient à les enlever, et, les yeux attachés sur lui, ils n’attendaient que son ordre, lorsqu’il leur demanda où allaient ces vaisseaux. « Seigneur, répondirent-ils, ils vont porter du blé à vos ennemis. » « Hé bien, reprit-il, n’allons-nous pas aussi au même endroit chargés, entre autres choses, de blé ? Quels torts nous font-ils donc en portant des vivres pour nous ? »

Les espions, ayant été renvoyés, revinrent en Europe après avoir tout examiné.

CXLVIII. Aussitôt après que les Grecs confédérés les eurent fait partir pour l’Asie, ils envoyèrent des députés à Argos. Voici, selon les Argiens, comment se passèrent les choses qui les concernent. Ils disent qu’ils eurent connaissance dès les commencements des desseins des Barbares contre la Grèce ; que, sur cette nouvelle, ayant appris que les Grecs les solliciteraient de leur donner du secours contre les Perses, ils avaient envoyé demander au dieu de Delphes quel parti devait leur être le plus avantageux ; car depuis peu les Lacédémoniens, commandés par Cléomène, fils d’Anaxandrides, leur avait tué six mille hommes ; que la Pythie leur avait répondu en ces termes : « Peuple haï de tes voisins, cher aux dieux immortels, tiens-toi sur tes gardes prêt à frapper, ou à parer les coups de tes ennemis ; défends ta tête, et ta tête sauvera ton corps. » Telle fut, suivant eux, la réponse de la Pythie avant la venue des députés. Ils ajoutent qu’aussitôt après leur arrivée à Argos, on les admit au sénat, où ils exposèrent leurs ordres ; que le sénat répondit que les Argiens étaient disposés à accorder du secours après avoir préalablement conclu une trêve de trente ans avec les Lacédémoniens, à