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CLIO, LIVRE I.

l’Ionie, soit au-dessus, soit au-dessous, à l’est ou à l’ouest, ne peuvent entrer en comparaison avec elle, les uns étant exposés aux pluies et au froid, les autres aux chaleurs et à la sécheresse. Ces Ioniens n’ont pas le même dialecte ; leurs mots ont quatre sortes de terminaisons. Milet est la première de leurs villes du côté du midi, et ensuite Myonte et Priène : elles sont en Carie, et leur langage est le même. Éphèse, Colophon, Lébédos, Téos, Clazomènes, Phocée, sont en Lydie. Elles parlent entre elles une même langue, mais qui ne s’accorde en aucune manière avec celle des villes que je viens de nommer. Il y a encore trois autres villes ioniennes, dont deux sont dans les îles de Samos et de Chios ; et la troisième, qu’on appelle Érythres, est en terre ferme. Le langage de ceux de Chios et d’Érythres est le même ; mais les Samiens ont eux seuls une langue particulière. Tels sont les quatre idiomes qui caractérisent l’ionien.

CXLIII. Parmi ces Ioniens, il n’y eut que les habitants de Milet qui, pour se mettre à couvert de tout danger, firent un traité avec Cyrus. Quant aux insulaires, ils n’avaient pour lors rien à craindre, les Phéniciens n’étant pas encore soumis aux Perses, et ceux-ci n’ayant pas de marine. Les Milésiens, au reste, s’étaient séparés des autres Ioniens, parce que si tous les Grecs réunis étaient alors très-faibles, les Ioniens l’étaient encore plus, et parce qu’ils ne jouissaient d’aucune sorte de considération. En effet, si l’on excepte Athènes, ils n’avaient pas une seule ville qui eût de la célébrité. Le reste des Ioniens et des Athéniens ne voulaient pas qu’on les appelât Ioniens ; ce nom leur déplaisait, et même encore aujourd’hui la plupart rougissent de le porter. Les douze villes dont je viens de parler s’en faisaient honneur. Elles firent construire un temple, qu’elles appelèrent de leur nom Panionium, et prirent la résolution d’en exclure les autres villes ioniennes : les Smyrnéens furent les seuls qui demandèrent à y être reçus.

CXLIV. Il en est de même des Doriens de la Pentapole, pays qui s’appelait auparavant Hexapole. Ils se gardent bien d’admettre au temple triopique aucuns Doriens de

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