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TERPSICHORE, LIVRE V.

avait-il moins en vue de les obliger que de chagriner Darius. Il envoya en Phrygie vers les Pæoniens, qui avaient été transplantés des bords du Strymon, où Mégabyse les avait faits prisonniers, et qui en habitaient un canton et un bourg qu’on leur avait donné pour y vivre en leur particulier. Son député leur dit à son arrivée : « Pæoniens, Aristagoras, tyran de Milet, m’a chargé de vous donner un conseil qui vous sera salutaire, si vous voulez le suivre. L’Ionie entière a pris les armes contre le roi ; c’est pour vous une occasion favorable de retourner dans votre patrie sans aucun danger. Rendez-vous seulement sur les bords de la mer ; quant au reste du voyage, nous y pourvoirons. »

Les Pæoniens embrassèrent ce parti avec bien de la joie. Prenant aussitôt avec eux leurs femmes et leurs enfants, ils s’enfuirent vers la mer, excepté un petit nombre que la crainte du danger retint dans leur habitation. À peine furent-ils arrivés sur ses bords, qu’ils passèrent en Chios. Ils y étaient déjà, lorsqu’il survint de la cavalerie perse qui les poursuivait vivement. Ces troupes, n’ayant pu les joindre, leur firent dire à Chios qu’ils eussent à revenir. Les Pæoniens ne les écoutèrent pas. Les habitants de Chios les transportèrent de leur île en celle de Lesbos, et les Lesbiens à Dorisque, d’où ils se rendirent par terre en Pæonie.

XCIX. Les Athéniens arrivèrent avec vingt vaisseaux et cinq trirèmes des Érétriens, qui les accompagnèrent, moins par égard pour eux que pour reconnaître les bienfaits des Milésiens. Ceux-ci, en effet, les avaient aidés dans la guerre qu’ils avaient eue à soutenir contre les Chalcidiens, lorsque les Samiens secoururent ces derniers contre les Érétriens et les Milésiens. Quand ils furent arrivés, et qu’ils eurent été joints par le reste des alliés, Aristagoras fit une expédition contre Sardes, où il ne se trouva point en personne. Il resta à Milet, et nomma, pour commander les Milésiens, Charopinus son frère, et mit Hermophante à la tête des alliés.

C. Les Ioniens, étant abordés à Éphèse, laissèrent leurs

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