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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

niers qu’ils firent, tant sur eux que sur les Béotiens, et les gardèrent étroitement ; mais dans la suite ils les relâchèrent moyennant deux mines par tête, et appendirent aux murs de la citadelle leurs ceps, qu’on voyait encore de mon temps suspendus aux murailles, en partie brûlées par le Mède, et vis-à-vis du temple qui est à l’ouest. Ils consacrèrent aux dieux la dixième partie de l’argent qu’ils retirèrent de la rançon des prisonniers, et l’on en fit un char de bronze à quatre chevaux, qu’on plaça à main gauche tout à l’entrée des propylées de la citadelle, avec cette inscription :

Les Athéniens ont dompté par leurs exploits les Béotiens et les Chalcidiens, et, les ayant chargés de chaines, ils ont éteint leur insolence dans l’obscurité d’une prison. De la dime de leur rançon ils ont offert à Pallas ces chevaux.

LXXVIII. Les forces des Athéniens allaient toujours en croissant. On pourrait prouver de mille manières que l’égalité entre les citoyens est le gouvernement le plus avantageux ; cet exemple seul le démontre. Tant que les Athéniens restèrent sous la puissance de leurs tyrans, ils ne se distinguèrent pas plus à la guerre que leurs voisins ; mais, ayant une fois secoué le joug, ils acquirent sur eux une très-grande supériorité. Cela prouve que, dans le temps qu’ils étaient détenus dans l’esclavage, ils se comportaient lâchement de propos délibéré, parce qu’ils travaillaient pour un maître ; au lieu qu’ayant recouvré la liberté, chacun s’empressa avec ardeur à travailler pour soi. Tel était l’état actuel des Athéniens.

LXXIX. Les Thébains, cherchant depuis cette victoire à se venger des Athéniens, envoyèrent consulter le dieu de Delphes ; la Pythie leur répondit qu’ils ne pourraient pas se venger par eux-mêmes, et leur conseilla de faire leur rapport à l’assemblée du peuple, et de s’adresser à leurs plus proches. Les envoyés convoquèrent, à leur retour, l’assemblée du peuple, et lui communiquèrent la réponse de l’oracle. Les Thébains, apprenant que le dieu leur ordonnait de s’adresser à leurs plus proches, se disaient les uns aux autres : « Les Tanagréens, les Coronéens et les Thespiens ne sont-ils pas nos plus proches voisins ?