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TERPSICHORE, LIVRE V.

tanée même, et le plaça dans l’endroit le plus fort. Il en usa ainsi (car je ne dois pas oublier le motif qui le faisait agir) parce que Mélanippe avait été le plus grand ennemi d’Adraste, et qu’il avait tué Mécistée, frère du même Adraste, et Tydée son gendre. Après lui avoir assigné une chapelle, il transporta à Mélanippe les fêtes et les sacrifices qu’on faisait en l’honneur d’Adraste, fêtes que les Sicyoniens avaient coutume de célébrer avec beaucoup de magnificence. Leur pays, en effet, avait appartenu à Polybe, dont la fille était mère d’Adraste ; et ce prince, n’ayant point d’enfants, avait laissé en mourant ses États à son petit-fils. Entre autres honneurs qu’ils rendaient à Adraste, ils célébraient aussi ses malheurs dans leurs chœurs tragiques et lui payaient un tribut de louanges sans s’adresser à Bacchus. Clisthène rendit les chœurs à Bacchus, et ordonna que le reste de la fête se ferait en l’honneur de Mélanippe. Ce fut ainsi qu’il en agit à l’égard d’Adraste.

LXVIII. Enfin il changea les noms des tribus de Sicyone, afin que celles des Doriens n’eussent pas dans cette ville le même nom qu’elles avaient à Argos, et par celui qu’il leur donna il les couvrit de ridicule. Car de Hys et Onos, auxquels il ajouta la terminaison atai, il en fit les Hyates, les Onéates et les Chœréates. J’en excepte cependant la tribu dont il était, qu’il appela Archélaens, à cause de l’autorité suprême qu’il avait sur le peuple. Les Sicyoniens conservèrent ces noms sous le règne de Clisthène, et soixante ans encore après sa mort. Enfin, après en avoir délibéré entre eux, ils les changèrent en ceux d’Hylléens, de Pamphyliens et de Dymanates, et donnèrent en l’honneur d’Égialée, fils d’Adraste, le nom d’Égialéens à la quatrième tribu qu’ils ajoutèrent aux trois autres.

LXIX. Telle fut la conduite de ce prince. Clisthène l’Athénien, qui tirait son nom de Clisthène de Sicyone, son aïeul maternel, ne voulut pas, je pense, à son imitation, que les tribus portassent le même nom à Athènes que parmi les Ioniens, à cause du mépris qu’il avait pour ceux-ci. Lorsqu’il se fut concilié la bienveillance de ses concitoyens, qui avaient perdu auparavant tous les priviléges d’un peuple libre, il changea les noms des tribus ; d’un pe-

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