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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

tion, de la maison d’Achémène, son cousin et celui de Darius, dont la fille fut fiancée dans la suite, si ce qu’on dit est vrai[1], à Pausanias, fils de Cléombrote, roi de Lacédémone, qui désirait passionnément devenir tyran de la Grèce. Artapherne, l’ayant donc déclaré général, l’envoya avec son armée à Aristagoras.

XXXIII. Mégabate, s’étant embarqué à Milet avec Aristagoras, les Ioniens et les bannis de Naxos, fit semblant de voguer vers l’Hellespont. Lorsqu’il fut arrivé à l’île de Chios, il s’arrêta à Caucases[2], afin de passer de là à Naxos à la faveur d’un vent du nord. Mais comme cette flotte ne devait pas être funeste aux Naxiens, il survint une aventure qui les sauva. Mégabate, visitant les sentinelles en faction sur les vaisseaux, n’en trouva point sur un vaisseau myndien. Irrité de cette négligence, il ordonna à ses gardes de chercher le capitaine de ce vaisseau, qui avait nom Scylax, de lui faire passer la tête par une des ouvertures des rames, et de l’attacher en cet état de manière qu’il eût la tête hors du vaisseau et le corps en dedans. On vint apprendre à Aristagoras le mauvais traitement que Mégabate avait fait à son hôte de Mynde, et qu’il était lié à son vaisseau. Il alla sur-le-champ demander sa grâce ; mais, n’ayant pu l’obtenir, il se rendit sur le vaisseau de Scylax, et le détacha lui-même. Mégabate, furieux à cette nouvelle, lui témoigna son indignation. « Quelles affaires avez-vous donc avec ces gens-ci ? reprit Aristagoras ; Artapherne ne vous a-t-il pas envoyé pour m’obéir, et pour faire voile partout où je vous l’ordonnerai ? Pourquoi vous mêler de ce qui ne vous concerne pas ? » Mégabate, outré de ce discours, envoya, aussitôt qu’il fut nuit, avertir les Naxiens du danger qui les menaçait.

XXXIV. Ils ne s’attendaient nullement à être attaqués par cette flotte ; mais, lorsqu’ils l’eurent appris, ils trans-

  1. Il paraît par là que, dans le temps qu’Hérodote écrivait cela, il n’avait point connaissance de la lettre par laquelle Pausanias demandait à Xerxès sa fille en mariage. On peut la voir dans Thucydide, liv. i. (L.)
  2. C’était probablement le nom de quelques îles qui formaient une rade. Ce nom s’est perdu, au moins ne se retrouve-t-il dans aucun autre géographe ancien. (Miot.)